Le maréchal de La Force à Richelieu, Pont-Saint-Esprit, 14 août 1632.
Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 802, f° 371. Original autographe, dont la transcription a été publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 388-389.
Monseigneur,
J’ai été très aise de rencontrer l’occasion de M. de Candiac, car outre qu’il a une connaissance bien grande de l’état de cette province, et de la disposition en quoi y sont toutes choses maintenant, il m’a fait entendre des particularités fort importantes, auxquelles j’ai ajouté celles que je l’ai prié vous représenter. Vous y apporterez, Monseigneur, votre jugement pour y faire la considération que vous jugerez le mériter, et ce que vous estimerez que je doive être informé pour me pouvoir mieux acquitter de ce que je dois au service du Roi. Il vous plaira, Monseigneur, me le faire savoir et m’y donner vos commandements, que j’observerai exactement. J’ai trouvé sur ces changements de si grandes bigarrures que cela m’a infiniment travaillé, car l’on ne sait de qui se fier. Je ne sais pas le gros des affaires, mais à ce qui paraît de-deçà, j’estime que la présence du Roi y serait fort nécessaire. Et quand bien [même] Sa Majesté ne viendrait que jusqu’à Lyon, que cela ferait des effets merveilleux, ou jusqu’à Moulins.
Monsieur [le duc d’Orléans] partit hier de Lunel avec toutes ses troupes, et prend la route de Béziers. J’ai fait deux dépêches à M. le maréchal de Schomberg par diverses voies, et j’en viens de recevoir une de lui. Il me fait connaître par son chiffre qu’il va gagner le côté de Narbonne, et que de là il me fera savoir de ses nouvelles par le côté de la mer. Ainsi, il sera bien malaisé que nous puissions nous joindre de longtemps. Il ne peut plus faire du côté des Cévennes, car j’avais assuré tout ce peuple-là. M. du Gué, suivant le commandement qu’il en a eu, est allé à Lyon pour faire venir de l’artillerie et des munitions dont nous avons bon besoin. Vous avez vu, Monseigneur, par la dépêche de Lespine et le mémoire dont il était chargé, les nécessités de cette armée. Je vous supplie très humblement commander qu’il y soit pourvu. Il n’est rien survenu depuis.
Faites-moi l’honneur, s’il vous plaît, de conserver toujours en vos bonnes grâces, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Monseigneur, j’ai avis que les régiments que j’ai envoyés à Privas ont si bien réussi qu’ils ont prévenu M. de Lestrange, qui s’y allait loger, et ont tellement dissipé ses desseins et les troupes que lui et les autres maîtres de camp faisait qu’ils ne savent où ils en sont. J’ose croire que, s’ils ne font jouer d’autres raisons sur ce qui paraît dans le Languedoc, qu’ils ne feront pas fort bien leurs affaires.
Ce XIIII août, au Saint-Esprit
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (4 janvier 2025). Texte 951, année 1632, 14 août, le maréchal de La Force à Richelieu. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 16 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13072