Louise-Marguerite de Lorraine (1577-1631)1, princesse de Conty, en Picardie, souvent orthographié « Conti »2 par son mariage, est la fille d’Henri de Lorraine, duc de Guise (1550-1588), « le Balafré », assassiné à Blois sur ordre d’Henri III, et de Catherine de Clèves († 11 mai 1633), comtesse d’Eu.
Elle épouse, le 24 juillet 1605, François de Bourbon (1558-1614), prince de Conty, de dix-neuf ans son aîné, veuf de Jeanne de Coème, et cadet de la Maison de Condé. Elle entretient une liaison avec le maréchal François de Bassompierre, qu’elle épouse peut-être à la fin des années 16103, dont elle a François de La Tour-Bassompierre († 1648), dit « le comte de La Tour », qui embrasse la carrière des armes et décède d’une blessure reçue au combat, et une fille, Louise de Bassompierre (1614-1652), religieuse à l’abbaye Sainte-Perrine de Compiègne à dix-neuf ans4.
La princesse de Conty, comme le maréchal de Bassompierre, appartient à l’entourage de Marie de Médicis, où elle cotoie Marie de Rohan-Montbazon, épouse du duc de Luynes puis du duc de Chevreuse, et Gabrielle-Angélique de Bourbon-Verneuil (1603-1627), duchesse de La Valette.
En 1629-1630, elle défend les prérogatives de sa principauté de Château-Regnault (ou Château-Renaud, Château-Renard), dans les Ardennes, tenue en franc-alleu, avec le soutien de Marie de Médicis, afin de tirer un meilleur prix de son gouvernement, qu’elle cède au Roi5.
La princesse de Conty intercède aussi la même année auprès de Claude de Bullion, conjointement avec son frère, le duc de Guise, à propos de l’amirauté du Levant, qu’il détenait et était prêt à céder au duc de Montmorency (ce que Richelieu refuse), et à propos du gouvernement de Provence, pour lequel le duc de Guise souhaite alors obtenir un congé6.
Par solidarité avec son frère, elle se compromet, en compagnie, notamment, de la duchesse d’Elbeuf, née Catherine-Henriette de Bourbon, de Renée de Lorraine, fille du duc de Mayenne, duchesse d’Ognano (cousine germaine de la princesse de Conty), de Claude-Éléonore de Lorraine-Elbeuf, duchesse de Roannais, et de la connétable de Lesdiguières, née Marie Vignon, dans les complots visant à écarter, voire à éliminer, Richelieu, et qui aboutissent, en novembre 1630, à la journée des Dupes, puis, en 1631, à l’exil de la Reine mère aux Pays-Bas espagnols7.
Tandis que la duchesse d’Ognano, la duchesse d’Elbeuf et la connétable de Lesdiguières sont éloignées de la cour sur ordre du Roi, le 22 février 1631, et que le maréchal de Bassompierre est embastillé, la princesse de Conty est condamnée à l’exil à Eu8.
Elle y décède le 30 avril suivant.
Gédéon Tallemant des Réux lui a consacré l’une de ses Historiettes ((Voir Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome I, p. 32-37, p. 702-708, p. 916 et p. 1207.)).
Voir aussi Pierre Grillon (éd.), Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome IV : 1629, Paris, A. Pédone, 1980, p. 320 note.
Texte 954,
- Selon Mathieu Lemoine, elle naît en 1574 : voir La Faveur et la Gloire : le maréchal de Bassompierre mémorialiste (1575-1646), Paris, Presses de l’université de Paris-Sorbonne, 2012, p. 78 et 83. [↩]
- Voir Pierre Grillon, Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance, papiers d’État. Tome 3 bis : index des tomes I, II, III, corrections et additions (1624-1628), Paris, A. Pédone, 1980, p. 37 ; Denis-Louis Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome VIII, p. 420. [↩]
- Mathieu Lemoine, Mathieu Lemoine, La Faveur et la Gloire : le maréchal de Bassompierre mémorialiste (1575-1646), Paris, Presses de l’université de Paris-Sorbonne, 2012, p. 27 ; Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Les papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome II : 1627, Paris, éditions A. Pédone, 1977, p. 672 note. [↩]
- Mathieu Lemoine, ouvrage cité, p. 85 et p. 347-349. [↩]
- Voir Michel de Marillac à Richelieu, Paris, 15 février 1629, Marie de Médicis à Richelieu, 21 mai 1629, dans Pierre Grillon (éd.), Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome IV : 1629, Paris, A. Pédone, 1980, p. 103 et p. 320 ; Michel de Marillac à Richelieu, Paris, 27 janvier 1630, dans Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu : section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome V : 1930, Paris, A. Pédone, 1982, p. 51-54 ; Richelieu à Claude Bouthillier, Suse, 9 mars 1630, ibidem, p. 128-129. [↩]
- Claude de Bullion à Richelieu, Paris, 19 août puis 17 et 28 octobre 1629, dans Pierre Grillon (éd.), … tome IV, ouvrage cité p. 551-553, p. 645-646, p. 656-657. [↩]
- Voir le cardinal de Bérulle à Richelieu, le 16 juin 1629, dans Pierre Grillon (éd.), … tome IV, ouvrage cité, p. 397-400 ; Claude de Bullion à Richelieu, Paris, 12 février, puis 26 août 1630, dans Pierre Grillon (éd.), … tome V, ouvrage cité, p. 77-79, p. 555-557, voir aussi le maréchal de Schomberg à Richelieu, Lyon, 20 décembre 1630, ibidem, p. 723-724 note 3. [↩]
- Voir Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu : section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome VI : 1931, Paris, A. Pédone, 1985, p. 99 note. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (7 janvier 2025). Lorraine (Louise-Marguerite de, princesse de Conty). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 16 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/1311l