Texte 959, année 1635, 11 mai, Claude de Bullion à Richelieu

Claude de Bullion à Richelieu, Paris, 11 mai 1635.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 814, f° 34-35. Suscription au f° 35 v° : « à Monseigneur ». Original autographe, dans la transcription a été publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), “La raison de guerre” : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2016, p. 220-221.

Monseigneur,

Je n’ai point de paroles pour remercier Votre Éminence de la faveur extrême qu’il vous plaît de témoigner à votre très humble serviteur. Ayant le peu de service qu’il peut rendre à Votre Éminence agréable, je supplie très humblement Votre Éminence croire que la hardiesse que je prends quelques fois de lui parler avec liberté ne procède que de la passion et affection que j’ai au service de Votre Éminence. Je ferai l’impossible et sacrifierai et ma vie et tout ce que Dieu m’a donné pour l’employer à ce que je vous dois par tant d’obligations que j’ai reçues de Votre Éminence. Le courrier de Monsieur Bouthillier aura grandement soulagé l’esprit de Votre Éminence. Je m’en réjouis comme d’une affaire principale et qui dans l’occasion présente eut donné sujet de discourir et en apparence quelque avantage aux ennemis.

J’ai dépêché ce courrier pour quelques édits qu’il faut faire signer à Monsieur de Loménie. J’espère que lundi Monsieur le Comte fera tout ce qui est nécessaire pour le service du Roi, et à la Chambre, et à la cour des aides. La ferme des cinq grosses fermes a été continuée à Monsieur de Rambouillet et à ceux de sa compagnie en augmentant tous les ans le prix de sept cent LXM livres. Nous avons estimé sous le bon plaisir de Votre Éminence en devoir user de la sorte parce que nous avons sauvé par ce moyen un dédommagement d’un million et plus, et avec nous étions empêchés de faire ouverture à ce bail et par ce moyen il nous fallait manquer de parole et rompre la foi publique, ce qui nous ferait beaucoup de mal en ce temps où nous avons besoin de ce crédit. J’ai reçu quelque petit choc en cette affaire que j’expliquerai à Votre Éminence, Dieu aidant. On ne peut pas plaire à tout le monde en servant Votre Éminence avec fermeté et fidélité. Je vous supplie, Monseigneur, de me mander quand je me dois rendre près de vous, désirant avec passion de ne me plus éloigner de votre personne, vous avouant avec vérité que votre seule considération me fait supporter le travail et tout l’embarras des affaires avec douceur et contentement. 

Je demande sur toutes choses à Votre Éminence la conservation de ses bonnes grâces et prie Dieu qu’il vous conserve, désirant demeurer, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très obligé serviteur,

Bullion

<De> Paris, ce XI mai

Monseigneur,

J’oubliais à vous dire que je ne saurais venir à bout de Monsieur le procureur général [Mathieu Molé] pour les consignations. Il importe de III millions. J’estime qu’une lettre de la part de Votre Éminence servira infiniment. Le Parlement, principalement le chef [le premier président, Nicolas Lejay], va bien.

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (10 janvier 2025). Texte 959, année 1635, 11 mai, Claude de Bullion à Richelieu. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 16 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/1327p


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