Angennes (Charles d’, marquis de Rambouillet)

Charles d’Angennes (v. 1577-1652), marquis de Rambouillet et de Pisany (par son épouse), est le fils de Nicolas d’Angennes, ambassadeur extraordinaire en Angleterre en 1566, capitaine des gardes et chambellan d’Henri III, gouverneur de Metz, et de Julienne d’Arquenay. Il est aussi le neveu de Charles d’Angennes (1530 – † 23 mars 1587), évêque du Mans, dit « le cardinal de Rambouillet ».

Vidame du Mans sous Henri IV, il est pourvu de la charge de conseiller au conseil d’État du Roi le 3 janvier 1607.

Il achète encore l’une des deux charges de grand maître de la garde-robe en septembre 1610.

Capitaine de cent gentilshommes de la maison du Roi, il revend sa charge afin de rembourser ses dettes, comme celle de colonel général de l’infanterie italienne au mois d’août 1610.

En 1617, il se défait aussi de celle de commandant des oiseaux de la chambre royale, attachée à la charge de grand-maître de la garde-robe.

Ami du maréchal d’Ancre, habile diplomate, il est chargé, en 1614, par Marie de Médicis, d’une ambassade à Turin afin de régler les différends opposant la république de Gênes à la maison de Savoie. Il négocie le premier d’Asti, que la Reine mère refuse d’approuver, puis le second traité d’Asti, conclu entre l’Espagne et la Savoie, les 21-22 juin 16151. Mais en 1616, l’alliance conclue le duc de Savoie et la république de Venise conduit Richelieu, brièvement secrétaire d’État aux Affaires étrangères, à le remplacer par le comte Philippe de Béthune, frère du duc de Sully2.

Il est fait chevalier des ordres du Roi le 31 décembre 1619.

En 1626, Richelieu lui confie une nouvelle mission diplomatique à Madrid, au moment où son cousin germain, et homonyme, Charles d’Angennes, comte du Fargis, y exerce les fonctions d’ambassadeur ordinaire du roi de France : le marquis de Rambouillet est chargé, en qualité d’ambassadeur extraordinaire, des compliments d’usage à la suite de la naissance de l’infante, et de discuter plus particulièrement des forts de Valteline3

En novembre 1630, le cardinal-ministre lui confie encore des tractations visant à s’acquérir les bonnes volontés de Puylaurens et du président Le Coigneux auprès du duc d’Orléans, et tenter d’éloigner ce dernier des intérêts de Marie de Médicis. Louis XIII offre 150 000 livres à Puylaurens et 100 000 francs au marquis de Rambouillet4

Vers la fin de l’année 1634, il résigne sa charge de grand maître de la garde-robe du Roi, en faveur d’Edme de La Chastre, comte de Nançay. 

En août 1636, il est de ceux qui préfère quitter Paris à l’approche des Espagnols en Picardie, et trouve refuge, en compagnie de son épouse, au château de Rambouillet.

Le marquis de Rambouillet a épousé Catherine de Vivonne, fille de Jean de Vivonne, marquis de Pisany. Celle-ci, surnommée « Arthénice » (anagramme de son prénom) par François de Malherbe5, tient un brillant salon littéraire. 

De leur mariage naissent sept enfants : leur fille aînée, Julie Lucine d’Angennes (1607-1671), prénommée en l’honneur de sa grand-mère, tient une place centrale dans le salon littéraire de sa mère avant d’épouser, en 1645, Charles de Sainte-Maure, devenu duc de Montauzier ; Claire Diane d’Angennes (v. 1610-1669) devient abbesse d’Yerres ; Léon Pompée d’Angennes, marquis de Pisany, né en 1615, est tué au combat à Nördlingen, en 1645 ; un autre fils, appelé le « Vidame du Mans », décède de la peste, à l’âge de  huit ans, en 16316 ; Louise Isabelle d’Angennes, dite « Mademoiselle d’Arquenay », devient abbesse de Saint-Étienne de Reims en 16577 ; Catherine Charlotte d’Angennes, dite « Madame de Pisany »8, est abbesse d’Yerres après sa sœur aînée ; Angélique Clarisse d’Angennes († 22 décembre 1664), dite « Mademoiselle de Rambouillet » épouse, le 27 avril 1658, Adhémar de Monteil, comte de Grignan9. Le marquis de Rambouillet décède à Paris, le 26 février 1652. Gédéon Tallemant des Réaux a consacré trois de ses Historiettes au marquis et à la marquise de Rambouillet, ainsi qu’à leur fille aînée, Madame de Montauzier.

Voir Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux :Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome I, p. 437-441, p. 442-447, et p. 456-470, voir aussi p. 869, 885, 897, 913, 916, 925, 1085-1088 ; et au tome II, p. 924, 1129, 1533, 1577 ; 

François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse…, seconde édition, tome V, Paris, chez la veuve Duchesne, 1772, p. 17.

Texte 960,

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. Voir Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome I, p. 204 note et tome II, p. 502 note. []
  2. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome I, p. 204 note. []
  3. Les instructions faites au marquis de Rambouillet portent la date du 2 octobre 1626, voir Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), tome VII, p. 952. Avenel indique aussi qu’une première instruction avait été rédigée le 31 décembre 1625, dans le cadre de la naissance royale à la cour d’Espagne, avec « ordre de ne traiter d’aucune affaire afin de ne pas mettre en soupçon Venise et Savoie ». Le départ du marquis de Rambouillet avait été remis, voir Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), tome VII, p. 947.  Le marquis de Rambouillet déclare, le 23 janvier 1627 qu’il a longtemps attendu avant d’obtenir une audience auprès du roi d’Espagne. Voir Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome II, p. 502 note. []
  4. Voir Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome IV, p. 27 note et p. 154 note, d’après les Mémoires de Richelieu. []
  5. Article « Rambouillet (Mme de) », dans cardinal Georges Grente (dir.), Dictionnaire des Lettres françaises : le XVIIesiècle. Paris : Fayard, 1996, coll. Pochothèque, p. 1066. []
  6. Voir Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome I, p. 447 et p. 1090. []
  7. Antoine dam (éd.), ouvrage cité, tome I, p. 1091-1092. []
  8. Antoine Adam (éd.), ouvrage cité, tome I, p. 447 et p. 1091. []
  9. Antoine Adam (éd.), ouvrage cité tome I, p. 1092. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (11 janvier 2025). Angennes (Charles d’, marquis de Rambouillet). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 16 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/132cc


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