Condren (Charles de)

L’ascendance de Charles de Condren (ou Gondren, Gondran) (1588-1641), né à Vauxbuin, près de Soissons, reste incertaine. Selon pierre Grillon, il est le fils de Guillaume de Condren, seigneur du Bois-de-Menou, avocat, et de Marie de L’Orme1, ou le fils de Thomas Galant, seigneur de Condren, et de Marie de L’Orme2, ou le fils de « Guillaume de Condren, seigneur du Bois de Menou, maître d’hôtel ordinaire du Roi et capitaine du château de Montceaux, et de Marguerite du Haste, l’un et l’autre calvinistes revenus à la religion romaine »3. Selon le Dictionnaire des Lettres françaises : le XVIIe siècle, son père est bien le gouverneur militaire du château de Montceaux-lès-Meaux, et il voit le jour dans le château de Barbe d’Estrées, tante de Gabrielle d’Estrées4.

Après des études au collège d’Harcourt, il obtient l’autorisation d’entamer un cursus de théologie à la Sorbonne, est ordonné prêtre en 1614 et obtient le grade de docteur en théologie en 16155.

Il entre à l’Oratoire en juin 1617, avant d’être nommé, malgré ses réticences, confesseur du duc d’Orléans (1627).

Au mois d’août 1629, il prévient Marie de Médicis de l’intention de son fils cadet de gagner la Lorraine, en raison des déconvenues liées au projet de le marier à la princesse Marie de Mantoue6.

En octobre, il est élu supérieur général de l’Oratoire après le décès du cardinal Pierre de Bérulle (2 octobre), et, à ce titre, devient aussi le visiteur de l’ordre des carmélites, mais renonce à ces dernières fonctions en août 16317.

Il contribue à l’éphémère réconciliation de Monsieur avec le roi de France en 1630, en parvenant à ménager une entrevue entre les deux frères, à Troyes, le 17 avril8.

En 1634, dans le contexte de la signature d’un accord secret du duc d’Orléans avec l’Espagne (le 12 mai 1634), de l’invalidation (en septembre), par le parlement de Paris, du mariage secret de Monsieur avec la princesse Marguerite de Lorraine, puis de la signature du traité d’Écouen (2 octobre), il est dépêché à Blois, auprès du frère du Roi, en compagnie du père Joseph, du comte de Chavigny, du jésuite Michel Rabardeau, de Jacques Lescot, lecteur du Roi et confesseur de Richelieu à partir de 1639, et de Nicolas Isambert, docteur en Sorbonne, pour tenter d’obtenir le renoncement de Monsieur à l’union qu’il a contractée clandestinement deux ans plus tôt9. Richelieu indique que le collège de théologiens quittent Paris le 4 novembre : « Les docteurs partirent hier, et arriveront demain à Orléans, où la goute a repris Monsieur, qui ne se conduisant pas si bien que Sa Majesté, aura bien, à mon advis, d’autres attaques »10. La mission est un échec puisque le duc d’Orléans réaffirme son entière liberté et l’innocence du duc Charles IV, condamné pour rapt par le parlement de Paris. 

On peut noter qu’en 1635, le père de Condren refuse d’adhérer au point de vue de l’assemblée générale du clergé de France, qui, à son tour, invalide le mariage du duc d’Orléans et de la princesse Marguerite de Lorraine11

Il n’en continue pas moins à tout mettre en œuvre pour obtenir une réconciliation entre Louis XIII et son frère : le 24 décembre 1636, il est dépêché à Blois, où Monsieur s’est retiré. Il obtient une nouvelle entrevue entre les deux frères, à Orléans, le 8 février 163712

Cependant découragé par la méfiance de Richelieu à l’égard de l’Oratoire, il devient directeur spirituel de Jean-Jacques Olier, fondateur de la compagnie des prêtres de Saint-Sulpice.

Il décède le 7 janvier 1641.

Les Discours et lettres du R. P. Charles de Condren sont publiés à Paris, en 1643 puis en 1648 : outre un ensemble de 163 lettres, on peut noter un Discours sur l’astrologie fait par le commandement de Monseigneur le cardinal de Richelieu et un Traité des équivoques faict aussy par le commandement dudict seigneur13.

Voir Henri Brémond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France : les mystiques français du grand siècle, Paris, Presses de la Renaissance, 2008, p. 217 et suivantes.

Textes 958, 960,

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. Pierre Grillon, Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance, papiers d’État. Tome 3 bis : index des tomes I, II, III, corrections et additions (1624-1628), Paris, A. Pédone, 1980, p. 37. []
  2. Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu : section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome V : 1930, Paris, A. Pédone, 1982, tome V, p. 103 note. []
  3. Pierre Grillon (éd.), ouvrage cité, tome V, p. 198. []
  4. Article « Condren (Charles du Bois de) », dans cardinal Georges Grente (pub.), Dictionnaire des Lettres françaises : le XVIIe siècle. Paris : Fayard, 1996, coll. Pochothèque, p. 311. []
  5. Ibidem. []
  6. Voir le courrier que Claude Bouthillier adresse à Richelieu, de Paris, le 31 août 1629, dans Pierre Grillon (éd.), Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’ÉtatTome IV : 1629, Paris, A. Pédone, 1980, p. 569-571 ; Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome V, p. 733 note. []
  7. Michel de Marillac à Richelieu, 23 février 1630, dans Pierre Grillon (éd.), tome V, p. 101-103, voir p. 103 ; Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, ouvrage cité, tome IV, p. 66 note. []
  8. Voir Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome III, p. 662 ; voir aussi pour les efforts déployés en mars, Pierre Grillon (éd.), tome V, p. 182 note et p. 198-199. []
  9. Voir à ce sujet le courrier que le comte de Chavigny adresse à Richelieu, le 15 octobre 1634, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, tome II, p. 291-293. []
  10. Richelieu au comte de Chavigny, Rueil, 5 novembre 1634, Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions…, ouvrage cité, tome IV, p. 640-641. []
  11. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VIII, p. 130. []
  12. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome V, p. 733 note. []
  13. Voir Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VIII, p. 130. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (11 janvier 2025). Condren (Charles de). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 16 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/132cv


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