Lévis (Louis de, comte de Bioule, marquis de Cardaillac)

Louis de Lévis († 1666), comte de Bioule (ou Bieule), marquis de Cardaillac (ou Cardailhac), baron de Villeneuve, de Pène (ou La Pène), de Labruguière (ou La Bruguière), de Montredon (ou Montrodon) et de Gaïx, seigneur de Boissezon, etc., seigneur de Muret et d’Arles par sa première épouse, en outre seigneur de Saint-Georges, de Laprade, de Seignalens, vicomte de Lautrec, seigneur de Castelnau de Montmirail1 et baron de Porcarrains, est le fils cadet d’Hector de Lévis de Cardaillac († 1598), comte de Bioule, marquis de Cardaillac, vicomte de Lautrec, seigneur et baron de Villeneuve, de Pène, de Montredon, de La Bruguière, et de Gaïx, et de Marguerite de Lévis-Caylus (ou Quélus) († 1617), dame de Villeneuve. Il est l’héritier de son frère aîné, Antoine de Lévis de Cardaillac († 1622), en faveur de qui la seigneurie de Bioule a été érigée en comté en 1610, et qui a épousé Louise Marie de Gelas de Voisins, dame de Labruguière, cousine du marquis d’Ambres.

Ayant embrassé la carrière des armes, le comte de Bioule participe d’abord aux combats contre les huguenots dans le sud de royaume : il se trouve aux sièges de Clairac, en Agenais, de Montauban et de Monheurt, sur la Garonne, en 1621, puis aux sièges de Saint-Antonin et de Montpellier en 1622. Il est placé à la tête d’un régiment d’infanterie au siège de La Rochelle en 1628. Le comte de Bioule combat encore au siège de Privas en 1629, en Savoie en 1630.

Il adhère cependant à la révolte du duc d’Orléans et du duc de Montmorency en 1632. Les rebelles sont battus par le maréchal Henri de Schomberg à la bataille de Castelnaudary, à laquelle il prend part, le 1erseptembre 1632. Le 11 octobre suivant, Louis XIII ouvre en personne les États de Languedoc qui se tiennent à Béziers : le comte de Bioule y est déclaré criminel de lèse-majesté. Son droit de séance aux États de Languedoc, comme baron, lui est retiré et attribué à Henri de Chaumont, baron de Lecques.

En novembre 1633, le Roi lui refuse sa grâce, alors qu’Achille d’Estampes, commandeur de Valençay, est amnistié2. Sont également provisoirement exclus de tout pardon Jean-Louis de Louët (1600-1686), baron puis premier marquis de Calvisson (ou Cauvisson), ainsi que Jean V de La Croix, baron de Castries, apparenté à la fois au duc de Montmorency et au maréchal de Bassompierre, emprisonné après la journée des Dupes. Le fils d’Henri de Schomberg, Charles de Schomberg, duc d’Halluin, dont il commande, vers cette époque, la compagnie de gendarmes, évoque à la même époque à son propos un « homme de grand cœur, fort riche et point important »3.)). Malgré la disgrâce qui le frappe, le comte de Bioule est maintenu dans ses responsabilités militaires sous l’autorité du duc d’Halluin.

En juin 1635, ce dernier arbitre favorablement une querelle qui oppose le comte de Bioule au marquis d’Ambres et parvient à réconcilier les deux hommes4.

En 1637, il est chargé de lever des troupes en Lauraguais pour porter secours à la ville de Leucate, assiégée par les Espagnols. En compagnie de ses frères, Montbrun et Manse, et sous la direction du duc d’Halluin, il est de ceux qui contraignent l’ennemi à se retirer.

En récompense des services rendus, en 1638, tandis que le duc d’Halluin est promu maréchal de France (et prend le nom de maréchal de Schomberg), le comte de Bioule est nommé lieutenant-général pour le Roi en Bas-Languedoc, sur la démission de Louis d’Arpajon5, et devient aussi sénéchal de robe courte en la ville et comté de Castres, succédant dans cette charge au marquis de Toulouse-Lautrec. Il est en outre rétabli dans son droit d’entrée aux États de Languedoc, en qualité de baron de Villeneuve.

En 1646, confirmation de l’opinion du duc d’Halluin, les revenus qu’il tire de ses terres et seigneuries de Bioule, Cardaillac, Saint-Georges, Villeneuve, Arles, Laprade, Labruguière, Boissezon, Cambounet, Las Faliades, Montredon, et Gaïx atteignent la somme de 61 700 livres, tandis que la seigneurie de Bioule est estimée à 166 000 livres, celle de Gaïx à 100 000 livres et celle de Boissezon à 32 000 livres.

Il est fait maréchal de camp le 22 mai 1649, et un ordre particulier de Louis XIV lui confie le commandement de la place de Carcassonne, dont le gouverneur a choisi de suivre le prince de Condé, le 11 janvier 16526.

Il procède à l’ouverture des États du Languedoc, à Toulouse, en 1659, en qualité de premier secrétaire du Roi.

Le 31 décembre 1661, il est fait chevalier des ordres du Roi.

Il a épousé en premières noces, Lucrèce d’Elbène († 1631), apparentée à l’évêque d’Albi, Alphonse d’Elbène, puis, en secondes noces, en 1643, Marie Isabeau Mitte de Miolans de Chevrières de Saint-Chamond, fille de Melchior Motte de Miolans de Chevrières, marquis de Saint-Chamond.

Il décède, après ses deux frères, Montbrun et Manse, en 1666 sans héritier, laissant ses biens et titres à sa veuve. Les titres de comte de Bioule et marquis de Cardaillac sont par la suite recueillis par Tristan du Faur, baron de Saint-Jory, descendant de la sœur de Louis de Lévis de Cardaillac, Claude de Lévis de Cardaillac qui avait épousé Jacques du Faur, baron de Saint-Jory.

Gabriel François de Blaÿ de Gaïx, Études historiques sur les seigneurs et barons de Gaïx, près de Castres (Tarn)…, Montauban, imprimerie et lithographie Forestié, 1880, p. 83 et p. 112-140 ;

Émile Thomas, « Le chapitre de Saint-Pierre de Burlats et le comte de Bioule », Revue historique, scientifique et littéraire du département du Tarn, vingt-cinquième volume, trente-troisième année, 1908, p. 196-201.

Texte 964,

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. La seigneurie  de Castelnau de Montmirail lui a été offerte par le Roi. []
  2. Claude Bouthillier à Richelieu, Saint-Germain-en-Laye, 1er novembre 1633, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), Richelieu à la conquête de la LorraineCorrespondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 648-649. []
  3. Cité par Paul Gachon, Les États de Languedoc et l’édit de Béziers (1632), Paris, Hachette, 1887, p. 266, d’après un original conservé au Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 1629, fol. 27. []
  4. Mémoire du duc d’Halluin, Béziers, 19 juin 1635, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), L’Œil et la plume de Richelieu : correspondances croisées, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2020, p. 316-319. []
  5. Selon M. Pinard, le comte de Bioule n’accède à la lieutenance générale du Bas-Languedoc que le 12 novembre 1646 et y exerce ses responsabilités jusqu’à sa mort. Voir M. Pinard, Chronologie historique-militaire…, Paris, chez Claude Hérissant, 1760-1778, 8 volumes, tome VI, p. 262. []
  6. M. Pinard, ibidem. []

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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (24 janvier 2025). Lévis (Louis de, comte de Bioule, marquis de Cardaillac). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 16 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/135m4


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