Texte 966, année 1632, 17 août, Jean de Bertier de Montrabé à Richelieu

Jean de Bertier de Montrabé à Richelieu, Toulouse, 17 août 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de la Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 1628, f° 212-213. Original autographe, dont la transcription a été publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 392.

Monseigneur,

Je vous ai adressé l’avis que m’avait donné ce prêtre, que le père Arnoux, jésuite, m’a emmené, afin que cette affaire, n’étant connue de personne, considérée par vous, Monseigneur, si elle est jugée n’être que l’invention d’un coureur, comme je pense l’avoir découvert tel, et que le Roi veuille qu’on en empêche l’éclat, qui ne peut être que très préjudiciable en semblables matières, on le puisse facilement. Je l’ai trouvé un coureur dans des attestatoires [sic] de santé ou de confession, qui étaient dans un sac qu’il avait laissé à l’hôpital. À quoi il n’a su répondre qu’une chose qui n’a ni vérité, ni apparence, comme vous verrez par deux auditions que je vous envoie.

Pour ce qui regarde le fonds de l’affaire, il ne varie aucunement, quoique je l’aie interrogé, et vexé en toutes les façons du monde, et tâché de tirer de lui la quintessence. C’est un métier qu’il y a longtemps que je fais, et je trouve en cette affaire ceci considérable, avec ce qu’il ne pouvait espérer aucune récompense de cette dénonciation, ayant dessein de passer son chemin aussitôt apprès, comme disent les pères qui me l’ont emmené.

J’ai fait que le consul de Limoux, qui était en ville, est allé rechercher dans Limoux qui a prêté ou loué ce cheval blanc. J’ai envoyé en la ville d’Alet, au logis de La Croix rouge, où le prêtre a logé, pour savoir à qui on a vu parler cet homme vêtu de gris, à la perruque blonde, où il a logé, qui lui peut avoir baillé le valet pour avoir un cheval à Limoux. Et à cela, j’ai commis un religieux augustin qui a de très grandes habitudes dans Alet, et qui est très propre à cette négociation. J’ai envoyé un homme vers Carcassonne, jusqu’au Bas-Languedoc, voir s’il pourra rencontrer cet homme vêtu de gris. Et tous ceux-là que j’ai employés croient que je cherche cet homme pour un larcin.

J’ai, ce matin, fait saisir par arrêt tous les biens de M. l’évêque d’Albi. Vous ne vîtes jamais, Monseigneur, tant de lettres de fidélité que m’écrivent ceux que je sais n’avoir rien moins que la fidélité dans le cœur. Mais c’est la croyance qu’ils ont que le Roi se prépare à venir.

Je vous supplie me commander ce que vous voulez que je fasse de ce prêtre, et me croire, Monseigneur, votre très humble, très obéissant, très obligé et très fidèle serviteur, 

Bertier de Montrave

Toulouse, ce 17 août 1632

À cette seconde audition que j’envoie, le déposant dit de plus qu’en la première, décrivant cet homme, qu’il porte une moustache au côté droit, et quoique de taille médiocre, il est assez gros de corps.

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (29 janvier 2025). Texte 966, année 1632, 17 août, Jean de Bertier de Montrabé à Richelieu. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 17 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/136gl


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