Mémoire adressé au cardinal de Richelieu ou à son entourage, fin 1631 ou début 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 9, f° 70-71. Original. Au f° 71 v° : « pour la foi et hommage du Barrois ».

Mémoire pour la foi et l’hommage du Barrois.

Monsieur  le duc de Lorraine est obligé de prêter foi et hommage lige au Roi à cause du duché de Bar et de plusieurs terres qui sont deçà la Meuse et d’autres mêmes par-delà qu’il possède à cause de la maison de Bar, et en conséquence de la donation de Louis, cardinal duc de Bar, à René d’Anjou depuis roi de Sicile, son arrière-neveu, en l’an 1419, lequel roi de Sicile transmet toute cette donation à René, duc de Lorraine, fils d’Yolande, duchesse de Lorraine, sa fille, par testament de l’an 1474.

Outre les anciens actes de foi et hommage se trouve celui d’Antoine, duc de Lorraine, et de son fils François, les dits duché, terres et seigneuries mouvant de la couronne selon les anciennes <…> au roi François premier le 22 avril 1541. Et porte cet acte que l’hommage est lige et qu’à cause de ce le duc est obligé de « servir le Roi, l’honorer et lui obéir de sa personne » (se sont les termes) envers et contre tous, sans nuls exceptés et en toutes les guerres et divisions qu’il pourrait avoir contre tous ses ennemis et malveillants, pour quelque cause ou raison que ce soit. C’est l’obligation personnelle du vassal lige à son seigneur qui s’étend par tous pays. Il ajoute « et de nos biens en tant que nous y sommes tenus pour raison des choses que nous tenons de la dite Couronne ». C’est l’obligation réelle qui ne passe point les terres de la mouvance.

Cet hommage est dû au Roi et par trop négligé de la part de Monsieur de Lorraine qui ne satisfait pas aux droits de fief, si bien que <…> l’on dit en matière féodale à faute de ceste prestation de foi et hommage, le Roi n’est pas servi ni reconnu de son fief par le dit duc, qui semblerait à la longue le vouloir pourfendre comme un franc-alleu, aussi bien comme il jouit par la courtoisie du Roi de tous les droits et prérogatives qui se peuvent imaginer, excepté l’hommage et le ressort, lequel encore on essaye de diminuer tant que l’on peut. Étant à remarquer que la qualité d’hommage lige emporte commise et <peche> du fief par félonie en cas de voie d’hostilité de la part du vassal, ou de traité, confédération, et intelligence publique et notoire contre et au préjudice du seigneur dominant.

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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