Nicolas Le Camus (1567 ou 1568 – 1648)1 ou (1560-1648)2, dit « le Riche », est originaire de Troyes ou de Metz3.
D’abord marchand quincaillier, il fait faillite et se rend alors en Italie où il découvre l’industrie de la soie4. Il s’y lierait aussi avec des architectes qui lui permettraient par la suite de faire construire l’une des ailes de la place Royale (aujourd’hui place des Vosges)5. À cette époque, en effet, vers 1600, il met en œuvre « une entreprise de “manufactures d’or, d’argent et de soie” fondée par Henri IV »6, et a déjà une fortune suffisante pour faire bâtir une partie de la place Royale. L’établissement s’inspirerait du modèle milanais7.
Nicolas Le Camus est reçu en la charge de conseiller-secrétaire du Roi, Maison et couronne de France le 19 janvier 16198, puis en l’office de conseiller d’État en 1620. Il est aussi fermier général des gabelles9.
En 1624, son nom figure parmi les complices de financiers compromis pour malversations et dont la prise de corps est décidée10.
En 1639, cependant, en remerciement des investissements qu’il a consentis place Royale, Louis XIII lui concède le droit d’ajouter à ses armes (un pélican), un chef d’azur chargé d’une fleur de lys d’or ((Père Anselme de Sainte-Marie, ouvrage cité.)).
Il a épousé, par contrat du 1er janvier 1598, Marie Colbert (1580-1642), dont il a dix enfants : Nicolas Le Camus († 1637 ou 1638), procureur général à la cour des aides en 1631, conseiller d’État, intendant en l’armée du Languedoc et d’Italie vers 1635, lui-même père d’Étienne le Camus, cardinal évêque et prince de Grenoble en 1686 ; Antoine Le Camus (1603-1687), seigneur d’Hémery, maître des requêtes de l’Hôtel du Roi en 1631, intendant du Languedoc (avec Robert Miron) entre 1633 et 1636, conseiller du Roi en ses conseils d’État et privé, président en la chambre des comptes de Paris de 1637 à 1643, contrôleur général des finances de1648 à 1657 ; Édouard Le Camus (1605-1674), successivement conseiller au parlement de Grenoble, conseiller au parlement de Paris, procureur général de la cour des aides, avant d’embrasser l’état ecclésiastique, décédé le 24 février 1674 ; Étienne Le Camus († 29 juin 1673), maître des comptes à Grenoble, puis surintendant des bâtiments, qui a épousé Madeleine Colbert (1630 -1696)11 ; André Girard Le Camus (1610 – † 15 septembre 1698), dit « Gambade »12 conseiller au Grand Conseil puis procureur général de la cour des aides (1643), conseiller d’État, qui épouse la poétesse Charlotte Melson (v. 1630 – † 22 juin 1702), dont il n’a pas d’héritier ; Jean Le Camus († 26 juin 1680), conseiller au Parlement puis maître des requêtes de l’hôtel du Roi et intendant de Champagne ; Marie Le Camus († 4 septembre 1678), qui épouse Michel Particelli d’Hémery ; Catherine Le Camus († 1668), carmélite au grand couvent de Paris ; Françoise Le Camus († 20 octobre 1680), qui épouse René Le Roux, seigneur du Plessis-Saint-Antoine, maître des requêtes de l’hôtel du Roi puis conseiller d’État ; Claude Le Camus († 30 juillet 1668), qui épouse Claude Pellot, premier président au parlement de Rouen. Il reste difficile de distinguer Nicolas Le Camus de ses fils, en particulier de son fils aîné, intendant en l’armée de Languedoc et d’Italie vers 1635 et de son fils cadet, Antoine, intendant en Languedoc avec Robert Miron entre 1633 et 1636. L’écueil méthodologique est illustré par Pierre Grillon13 et par Denis-Louis-Martial Avenel qui ne fait, quant à lui, état que du sieur Le Camus, « ingénieur »14. De surcroît, les informations recueillies d’une publication à l’autre concernant Nicolas Le Camus dit « le Riche » sont contradictoires et comportent des invraisemblances. Nicolas Le Camus « le Riche » décède en novembre 1648, il est inhumé auprès de son fils aîné et de son épouse au couvent des minimes de la place Royale.
Voir aussi le courrier que Nicolas Le Camus (père ou fils) adresse à Richelieu, le 24 juin 1633, à propos du duché de Fronsac, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), Richelieu à la conquête de la Lorraine. Correspondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 295-296 ;
Louis Moréri, Le grand dictionnaire historique…, Paris, chez les libraires associés, 1759, tome troisième, p. 114-115.
Texte 970,
- La date de 1567 est donnée Michel Popoff (pub.), Prosopographie des gens du parlement de Paris (1266-1753) : d’après les ms. Fr. 7553, 7554, 7555, 7555 bis conservés au Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, Paris, le Léopard d’Or, 2003, 2 volumes, tome 1, p. 428 ; celle de 1568 est donnée par le père Anselme de Sainte-Marie, réédité par M. Pol Potier de Courcy, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France…, tome neuvième, première partie, Paris, librairie Formin Didot, 1884-1885, en marge gauche p. 318 et en marge droite p. 411. [↩]
- Selon Pierre Grillon, Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance, papiers d’État. Tome 3 bis : index des tomes I, II, III, corrections et additions (1624-1628), Paris, A. Pédone, 1980, p. 69 ; et selon Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome II, p. 928. [↩]
- Selon le père Anselme de Sainte-Marie, ouvrage cité, il est originaire de Troyes. Selon Pierre Grillon, ouvrage cité, il est originaire de Metz. [↩]
- Père Anselme de Sainte-Marie, ouvrage cité. [↩]
- Édouard Fournier (éd.), Le livre commode des adresses de Paris pour 1692… par Abraham du Pradel (Nicolas de Blégny), Paris, Paul Daffis, 1878, 2 volumes, tome 1, p. 63 note. [↩]
- Pierre Grillon, Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance, papiers d’État. Tome 3 bis : index des tomes I, II, III, ouvrage cité, p. 69. [↩]
- Père Anselme de Sainte-Marie, ouvrage cité, qui précise que l’introduction en France de ce type de manufacture est effectuée par Nicolas Le Camus avec le soutien du grand-père de son épouse, Oudart Colbert. [↩]
- Michel Popoff (pub.), Prosopographie des gens du parlement de Paris (1266-1753) : d’après les ms. Fr. 7553, 7554, 7555, 7555 bis conservés au Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, ouvrage cité, tome 1, p. 428. [↩]
- Martine Bennini, Les conseillers à la cour des aides (1604-1697), étude sociale, Paris, Honoré Champion, 2010, p. 430. [↩]
- « Liste des financiers compromis en 1624 », dans Pierre Grillon (éd.), Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome I : 1624-1626, Paris, A. Pédone, 1975, p. 140-141. [↩]
- Devenue veuve, Madeleine Colbert convole en secondes noces avec son beau-frère, veuf de Claude Le Camus, Claude Pellot, premier président au parlement de Rouen. Elle décède le 8 juillet 1696, à 66 ans. [↩]
- Antoine Adalm (éd.), ouvrage cité, tome II, p. 1298. [↩]
- Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu : section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome VI : 1931, Paris, A. Pédone, 1985, p. 485. [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome VIII, p. 457. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (4 février 2025). Le Camus (Nicolas, dit “le Riche”). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 26 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/138hf