Charles Brulart de Genlis (1572-1649), prieur de Léon, est le fils de Pierre Brulart, seigneur de Crosne et de Genlis, et de Madeleine Chevalier. Il est aussi le frère de Nicolas Brulart de Genlis, seigneur du Boulay, chambellan du duc d’Orléans et capitaine de son palais, à Paris¹. Chanoine de l’église cathédrale de Paris, il est également abbé de Joyenval et de Neauphle. D’abord conseiller au parlement de Paris, il exerce les fonctions d’ambassadeur ordinaire à Venise de 1611 à 1620.

Ambassadeur extraordinaire auprès des Ligues grises, il accompagne le père Joseph à la diète de Ratisbonne en juillet 1630. Les négociations menées par les deux hommes aboutissent à la signature, le 13 octobre 1630, du traité de Ratisbonne, que tous deux regrettent cependant d’avoir signé dès le 18, et qui est désavoué par Richelieu deux jours plus tard². Le traité de Ratisbonne rétablissait la paix entre la France et le Saint Empire et investissait Charles de Gonzague, duc de Nevers, à Mantoue, en échange du retrait des Français d’Italie. Louis XIII s’engageait aussi à ne pas offenser « directement ou indirectement l’Empereur des Romains ni le Sacré Empire », et à ne pas assister les ennemis de Ferdinand II. Mais il compromettait aussi le système d’alliances protestantes de la France contre les Habsbourg³. Ni le père Joseph, ni lui ne sont cependant sanctionnés. En février 1631, en qualité d’ambassadeur extraordinaire de Louis XIII, il est l’auteur de « propositions… à l’Empereur, pour l’exécution de la paix d’Italie »⁴. Les pourparlers aboutissent à la signature du traité de Cherasco en avril de la même année.

En décembre 1632, il prononce une harangue en ouverture des États de Provence pour rappeler à l’assemblée le devoir d’obéissance auquel elle est assujettie vis-à-vis du Roi dans le contexte de la prise d’armes, au cours des mois qui ont précédé, du duc d’Orléans et du duc de Montmorency⁵.

Conseiller d’État en 1635, il est encore envoyé en mission à Parme et à Rome en 1642 et 1643⁶. Il décède en 1649 doyen des conseillers d’État.

On trouve la correspondance diplomatique du prieur de Léon à la BnF, coll. Manuscrits français, vol. 16094, 16095 et 18044.

On trouve également des rapports qu’il rédige au cours de ses ambassades en Allemagne et en Suisse, aux volumes 373 et 374 du de la collection Dupuy, à la BnF.

Textes 2, 3, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Louis Moréri, Le grand dictionnaire historique…, nouvelle et dernière édition, tome II, Paris, chez Jean-Baptiste Coignard, 1725, p. 525 ; Pierre Grillon – éd. -, Les papiers de Richelieu : section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome V : 1930, Paris, A. Pédone, 1982, p. 448. [↩]
2. Madeleine Haehl, Les Affaires étrangères au temps de Richelieu, Bruxelles, Bern, Berlin…, Peter Lang, 2006, p. 55. [↩]
3. Jörg Wollenberg, Les trois Richelieu : servir Dieu, le Roi et la Raison, Paris, François-Xavier de Guibert, 1995, p. 161-164. [↩]
4. Le document, en italien, est conservé à la Bibliothèque nationale de France, collection Dupuy, volume 26, f° 224, il est suivi, au f° 226, de la réponse de Ferdinand II. [↩]
5. Harangue du prieur de Léon à l’ouverture des États de Provence, Aix, 13 décembre 1632, conservée au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 1702, f° 155-160. [↩]
6. Voir Madeleine Haehl, Les Affaires étrangères au temps de Richelieu, Bruxelles, Bern, Berlin…, Peter Lang, 2006, p. 240. [↩]