Né vers 1585, Claude Charlot est le fils d’un bourgeois de Paris, entrepreneur, et devient lui-même à la fois munitionnaire, entrepreneur et financier au tout début du XVIIe siècle1.
D’abord « trésorier des réparations et fortifications de Picardie et d’Île-de-France « ((Ibidem, p. 35.)), il entre au service du comte de Saint-Paul, gouverneur militaire de Picardie, et de son épouse, dont il devient l’intendant vers 1615-16172. La fortune qu’il amasse rapidement lui permet de lotir le quartier du Marais.
En 1619, après un prêt consenti par sa sœur, Suzanne Charlot, il obtient à ferme les Trente-cinq sols de Brouage et entre dans la ferme générale des Cinq Grosses Fermes3. Au cours des années 1620, il est particulièrement impliqué dans les affaires de la marine. Françoise Bayard relève que « c’est à Claude Charlot que revient la palme d’avoir été le plus souvent caution dans des fermes variées tenues par des titulaires différents, de 1618 […] à 1630 »4.
En 1623, lui sont dévolues la ferme des Gabelles du Lyonnais, celle du Convoi de Bordeaux, celle des traites de Charente, et surtout la charge de « commissaire des vivres dans les élections du royaume »5.
Il s’entremet, en 1624, auprès du duc Charles de La Vieuville dans le cadre de la ferme de Brouage6 : il se trouve cité dans le cadre de la mise-en-cause, pour malversations de La Vieuville et de son beau-père, Vincent Bouhier de Beaumarchais7. Mais le 28 octobre, un brevet du Roi le décharge, ainsi qu’Antoine Feydeau, de toute poursuite, en raison des prêts qu’ils ont consentis à la Couronne et de la protection de Marie de Médicis. La même année, sa fortune lui permet d’acquérir, auprès de la comtesse de Saint-Paul, la terre de Fronsac, qu’il revend en 1634 à Richelieu, ce dernier obtenant parallèlement une seconde élévation de Fronsac en duché-pairie8. « Noble homme »9, il achète encore, en 1630, une charge de conseiller et « secrétaire du Roi et de ses deniers »10.
Au cours de l’été 1628, la Reine mère décide de recourir à ses services, en tant que munitionnaire, pour pourvoir la place de Calais en artillerie et régler les dépenses de la ville, dont les marchands ont fait l’avance11.
En 1629, il traite, au nom de Richelieu, du commerce du sel en Guyenne, Aunis et Saintonge12. Il possède vers cette époque « neuf navires et deux barques longues […] basés à Brouage, La Rochelle, Le Havre et Harfleur »13. Dans les mois qui suivent, il suscite cependant la méfiance de Michel de Marillac, à la suite, des plaintes des habitants de Brouage14.
Entre mars 1628, date à laquelle il est gratifié de la ferme générale des Gabelle des Frances sous le pseudonyme de Thomas Guyot15, et 1632, Claude Charlot tente en effet d’assurer la bonne gestion à la fois « des fermes générales des Gabelles de France, du Convoi de Bordeaux et des Cinq Grosses Fermes16. Mais les difficultés financières du comte et de la comtesse de Saint-Paul, puis la mort du comte de Saint-Paul en 1631, lui ôtent un soutien qui avait été déterminant dans son ascension.
En 1632, il vend sa flotte de navires et « son épouse demande une séparation de biens », pour préserver les intérêts de leurs neuf enfants17.
Claude Charlot se trouve « en faillite notoire en 1645 »18, il devient alors « procureur fiscal de la duchesse d’Elbeuf en Champagne »19.
Il a épousé, en 1619, Anne Aymeret, dont la mère, née Marie Leclerc, devenue veuve, convole en secondes noces avec René Almeras, secrétaire d’Henriette-Marie de France.
- Daniel Dessert, L’argent du sel : le sel de l’argent, Paris, Fayard, 2012, p. 34. [↩]
- Françoise Bayard, Le monde des financiers au XVIIe siècle, Paris, Flammarion, 1988, p. 275, 281, 284 ; Daniel Dessert, L’argent du sel…, ouvrage cité, p. 36. [↩]
- Daniel Dessert, Le sel de l’argent…, p. 37. [↩]
- Françoise Bayard, Le Monde des financiers au XVIIesiècle, ouvrage cité, p. 154. [↩]
- Daniel Dessert, L’argent du sel…, p. 37. [↩]
- Pierre Grillon (éd.), Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome I : 1624-1626, Paris, A. Pédone, 1975, p. 97. [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome I, p. 705. [↩]
- Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l’époque moderne (1519-1790). Paris : éditions Maisonneuve & Larose, 1996, p. 603-604. [↩]
- Pierre Grillon (éd.), Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome I : 1624-1626, ouvrage cité, p, p. 97. [↩]
- Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome II : 1627, Paris, éditions A. Pédone, 1977, p. 209 note. [↩]
- Voir le courrier qu’Antoine de Loménie de La Ville-aux-Clercs adresse à Richelieu, de Paris, le 17 juillet 1628, dans Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome III : 1628, Paris, éditions A. Pédone, 1979, p. 384-386. [↩]
- « Instructions [de Richelieu] au sieur d’Infreville pour visiter les côtes et ports de mer », camp devant Privas, 22 mai 1629, dans Pierre Grillon (éd.), Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome IV : 1629, Paris, A. Pédone, 1980, p. 322-324. [↩]
- Daniel Dessert, L’argent du sel…, ouvrage cité, p. 38. [↩]
- Michel de Marillac à Richelieu, Grenoble, 23 juillet 1630, dans Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu : section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome V : 1930, Paris, A. Pédone, 1982, p. 423. [↩]
- Daniel Dessert, L’argent du sel…, ouvrage cité, p. 34. [↩]
- Daniel Dessert, L’argent du sel : le sel de l’argent, Paris, Fayard, 2012, p. 30. [↩]
- Daniel Dessert, L’argent du sel…p. 41 ; Françoise Bayard, Le Monde des financiers…, ouvrage cité, p. 287. [↩]
- Françoise Bayard, Le Monde des financiers…, ouvrage cité, p. 281. [↩]
- Ibidem. [↩]
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (27 février 2025). Charlot (Claude). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 18 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13e05