Nicolas Le Camus à Richelieu, Paris, 24 juin 1633.
Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 809, f° 112. Original autographe, dont la transcription a été publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), Richelieu à la conquête de la Lorraine. Correspondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 295-296.
Nicolas Le Camus, en qualité de procureur général à la cour des aides, évoque l’acquisition par Richelieu de la terre de Fronsac, vendue en 1628 par la comtesse de Saint-Paul à l’entrepreneur Claude Charlot. Des « Instructions de Richelieu à Claude Bouthillier », en date du début juillet 1634 indiquent : « Le sieur *** fera renvoyer le décret de Fronsac à la cour des aides selon ce que le procureur général de la cour des aides lui dira »1.
Monseigneur,
J’ai pensé qu’il était de mon devoir de vous donner avis qu’en procédant au dernier jour à l’inventaire des papiers du sieur Charlot, il requit, en conséquence d’un arrêt du Conseil qu’il a obtenu depuis peu de jours en çà, que j’eusse à lui permettre la délivrance de quelques papiers desquels il avait besoin à la charge de les représenter toutes fois et quantes, entre lesquels il me manda tous ceux qui regardent le duché de Fronsac, tant pour avoir moyen de compter avec Madame la duchesse de Saint-Paul, que pour recouvrer les deniers qui lui sont dus à cause de ladite terre.
À quoi, Monseigneur, sans lui avoir déclaré mes raisons, j’ai fait difficulté de consentir, parce que lesdits papiers, qui sont au nombre de trois ou quatre cents, consistent en titres ou mémoires, dont l’usage ne peut être utile qu’à vous, Monseigneur, qui en êtes propriétaire, joint que j’ai estimé qu’il était périlleux de mettre ès mains d’un homme incommode et duquel l’état des affaires penchait à la ruine, tous les papiers d’une terre de telle importance, dont les droits vous sont cachés et la valeur du tout inconnue sans le secours que vous pouvez tirer de ces instructions et desquels il pourrait même profiter dans l’occasion et donner peine à les retirer si l’évènement de ses affaires ne succédait à son attente2.
Mais afin de lui ôter tout sujet de mécontentement, il semble qu’on pourrait lui donner des copies collationnées des pièces nécessaires, qui lui serviront autant que des originaux et, en ce faisant, vous ne hasarderez rien. C’est de ce, Monseigneur, dont j’ai jugé à propos vous devoir avertir, après en avoir conféré avec Monsieur [le prieur] Desroches, afin que je règle mes actions en ce rencontre suivant vos commandements, comme en tout autre je les exécuterai avec la même fidélité que vous pouvez attendre de, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très obligé serviteur,
À Paris, ce XXIIIIe juin 1633
- Ces « Instructions » constituent un ensemble cohérent de trois pièces, dont deux de la main de Denis Charpentier, et une de Pierre Cherré, et sont conservées au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 810, f° 301-303. Au f° 302 v° a été portée la mention « pour Monsieur Bouthillier ». L’ensemble est évoqué par Denis-Louis-Martial Avenel, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, t. IV, p. 575 et p. 642-644. La transcription en a été publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, tome II, p. 7. Richelieu y énumère une série de dépenses à engager et de paiements à effectuer. Le titre de duc de Fronsac est créé pour la seconde fois en 1634 au profit de Richelieu. Les lettres patentes pour la duché-pairie de Fronsac sont vérifiées au parlement le 5 juillet de la même année ((Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions…, ouvrage cité, t. IV, p. 575. [↩]
- i. e., ne remportait le succès escompté. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (27 février 2025). Texte 977, année 1633, 24 juin, Nicolas Le Camus à Richelieu. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 18 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13e06