Texte 988, année 1633, 25 février, ordre au sieur de Boislorée d’arrêter le marquis de Châteauneuf

Ordre au sieur de Boislorée d’arrêter le marquis de Châteauneuf, 25 février 1633.

Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 807, f° 23. Minute de la main d’un secrétaire, dont la transcription a été publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), Richelieu à la conquête de la LorraineCorrespondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 105-106.

Louis XIII ordonne à Marin Amelon de Boislorée de procéder à l’arrestation et à l’emprisonnement du garde des sceaux, le marquis de Châteauneuf, disgracié en raison essentielle des relations qu’il a conservées avec la Reine mère et son entourage. La famille du garde des sceaux fait aussi l’objet de mesures de rétention préventives : une assignation à résidence du marquis d’Hauterive et de son épouse à Leuville puis à Ruffec. Le marquis d’Hauterive, se sachant menacé, prend la fuite et s’exile en Hollande1. Châteauneuf est, par ailleurs, démis de son gouvernement d’Angoumois et de Saintonge dont Louis XIII pourvoit le comte de Brassac.

Il est ordonné au sieur de Boislorier d’aller aujourd’hui à Rueil et de se transporter à sept heures du soir au logis de M. le garde des sceaux se saisir de sa personne, de son logis, de tous ses coffres et papiers, de ses secrétaires et autres de ses domestiques, et particulièrement d’un des siens nommé Mignon, qui demeure près de sondit logis, dans lequel il aura soin de bien faire fouiller de tous côtés pour prendre les papiers dudit Mignon, la personne duquel il arrêtera en sorte qu’on ne lui puisse parler.

Au même temps qu’il se saisit du logis dudit sieur garde des sceaux, il va lui-même dans celui de la dame de Hauterive, auquel on entre par celui dudit sieur garde des sceaux et lui dira, à elle et à son mari, que le Roi lui a expressément commandé de leur dire qu’ils ne s’étonnent point de ce qui se passe, que ce n’est pour chose qui les touche, que le tout abouche à un commandement que Sa Majesté fait à M. le garde des sceaux d’aller passer quelque temps à Ruffec, où ils iront eux-mêmes avec lui après ses couches que le Roi lui permet de faire à Leuville2, où il sera bien aise qu’ils se transportent dès demain pour y demeurer en pleine liberté, sur la foi et la parole qu’il donnera de n’en partir point sur peine de se rendre criminel et M. le garde des sceaux aussi.

Cependant, ledit Boislorier mettra ordre que ledit sieur de Hauterive ne pourra sortir de son logis ni partir le lendemain pour aller à Leuville qu’après qu’il aura reçu nouvel ordre du Roi.

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. Voir le courrier que Richelieu adresse au marquis d’Hauterive et au baron de Charnacé, à une date incertaine, 1633, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), Richelieu à la conquête de la LorraineCorrespondance : 1633, Paris, L’Harmattan, 2010, p. 706. []
  2. Leuville-sur-Orge : aujourd’hui département de l’Essonne, arrondissement de Palaiseau, canton de Brétigny-sur-Orge. La sœur cadette du marquis de Châteauneuf et du marquis d’Hauterive, Madeleine, a épousé Jean Olivier, baron de Leuville. Leur fils, Louis Olivier de Leuville, est arrêté en même temps que ses oncles. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (22 mars 2025). Texte 988, année 1633, 25 février, ordre au sieur de Boislorée d’arrêter le marquis de Châteauneuf. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 18 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13jvl


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