Jacques de Rotondi († 1641), seigneur de Biscarat (ou Biscaras, Biscarras, Biscaret), est le frère de François de Rotondi, seigneur de Cahuzac. Ayant, comme son frère, embrassé la carrière des armes, il apparaît dans la correspondance de Richelieu comme lieutenant du maréchal de Marillac à Verdun en 16281. Envoyé à la fin de l’année en Italie, il est, à la demande de Louis XIII, le porteur de la dépêche de Richelieu qui annonce à Marie de Médicis la levée du siège de Casal par les Espagnols dans la nuit du 15 au 16 mars 16292.
Il est ensuite dépêché, au mois de mai, à Christine de France, princesse de Piémont et duchesse de Savoie « pour lui faire donner satisfaction de ce qui s’est passé en l’affaire de Pommeuse »3. À la fin de la même année, le premier président au parlement de Toulouse, Gilles Le Masuyer, signale que Monsieur de Biscarat a procédé à l’inspection des canons de Montauban4.
Biscarat remplace le maréchal de Marillac à Verdun à l’automne 1630 lorsque ce dernier est envoyé en Italie. Après l’arrestation du gouverneur en titre, au camp de Foglizzo, le 30 octobre, Biscarat refuse d’abord, et pendant deux mois, d’ouvrir les portes de la place à Jean de Nettancourt-Vaubecourt envoyé par Louis XIII s’assurer de la loyauté de Verdun5. Une lettre du maréchal de Marillac, rédigée par ce dernier sur ordre du maréchal de Schomberg le lendemain-même de son arrestation, enjoignant à Biscarat de rendre la citadelle de Verdun au Roi6, a été interceptée sur ordre de Richelieu, qui a non seulement chargé Isaac de Laffemas de dresser l’inventaire des papiers saisis chez le maréchal de Marillac, mais aussi ses agents de collecter tout élément susceptible d’établir une collusion avec Gaston d’Orléans et le duc de Lorraine. Biscarat, n’ayant pas connaissance de la lettre de Marillac dictée par le maréchal de Schomberg, Marillac est accusé de vouloir utiliser Verdun contre l’autorité du roi, et Biscarat de fomenter une révolte. L’arrestation opportune de quelques officiers de Marillac, venus de Piémont en Champagne, conforte la rumeur de sédition.
Biscarat, en réponse à l’ordre qu’il a reçu du roi, rend cependant Verdun le 15 janvier 16317.
Monsieur de Biscarat n’est pas davantage inquiété et passe au service de Marie de Médicis et du duc d’Orléans. En juillet 1631, il accompagne la Reine mère aux Pays-Bas espagnols8.
Au cours de l’été 1632, il combat en Languedoc au sein des troupes levées par Monsieur9 et prend part à la bataille de Castelnaudary le 1er septembre10. Il sert ensuite en France.
Le 10 février 1635, il est autorisé à lever un régiment d’infanterie à son nom et combat, à sa tête, sous les ordres du duc de Chaulnes et du maréchal de Châtillon en Artois. À l’automne 1635, Monsieur de Cahuzac ayant trouvé la mort en même temps que le sieur de Londigny, qui commandait la compagnie de chevau-légers de Richelieu, et Louis de Mouy-Meilleraye, lieutenant des gendarmes du cardinal-ministre, mestre de camp de toute la cavalerie française engagée dans l’armée de Lorraine, Richelieu lui attribue la direction des contingents de son frère décédé11.
Après avoir contribué à la reprise de Corbie, François de Rotondi de Biscarat est fait maréchal de camp le 27 novembre 1636. Le 1er décembre, Richelieu écrit de lui : « je l’ai choisi comme un autre moi-même pour être certainement éclairci de tout ce qui peut arriver en Guyenne »12.
Le cardinal-ministre le dépêche en effet au duc d’Épernon et à son fils, le duc de La Valette, à la demande du père pour servir sous l’autorité du fils13 Biscarat doit aussi arbitrer un différend qui oppose le duc d’Épernon et le duc de La Valette au comte Antoine II de Gramont, commandant en Guyenne pour le roi et sénéchal de Béarn : un courrier de Biscarat à Richelieu dès le 8 février 1637 indique que le duc d’Épernon et le duc de La Valette ont trouvé un accord avec Monsieur de Gramont14. Puis une autre lettre de Monsieur de Biscarat, du 22 février suivant mentionne le refus que Monsieur d’Épernon fait donner à l’attache aux provisions de major de Bayonne pour le sieur de Lendresse sans altérer, cependant ses relations apaisées avec Antoine de Gramont15. Au cours de l’été 1637, François de Rotondi de Biscarat est cité, en qualité de capitaine de cavalerie, parmi les « gens de qualité à employer »16. Il contribue à la prise de Landrecies fin juillet 1637, puis aux combats livrés à Maubeuge et à La Capelle (septembre).
En 1638, Monsieur de Biscarat participe au siège de Saint-Omer.
Il est pourvu du Mont-Olympe au printemps 163917. Au cours de l’été, il est employé, sous les ordres de Henri d’Escoubleau de Sourdis, à la campagne maritime engagée contre l’Espagne et concourt à la prise de Laredo, en Cantabrie, le 14 août.
En 1640, il se trouve encore aux sièges de Charlemont et d’Arras.
Pourvu du gouvernement de Charleville en 1641, il est tué peu après devant Rienne, en Luxembourg18.
Son régiment est licencié en 1643.
De son mariage avec Nicole-Françoise de Glaiseneuve (ou Glaisenove) est né un fils, Armand-Jean, dont Richelieu est le parrain15.
- Marie de Médicis à Richelieu, Paris, 7 février 1628, dans Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome III : 1628, Paris, éditions A. Pédone, 1979, p. 54. [↩]
- Richelieu à Marie de Médicis, Suse, 20 mars 1629, dans Pierre Grillon (éd.), Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome IV : 1629, Paris, A. Pédone, 1980, p. 165. [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome VII, p. 977. [↩]
- Gilles Le Masuyer à Richelieu, 23 novembre 1629, dans Pierre Grillon (éd.), Les Papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome IV : 1629, ouvrage cité, p. 682-685, voir p. 684. [↩]
- Voir l’ordre de remise de la citadelle de Verdun que Louis XIII adresse à Biscarat, de Saint-Germain-en-Laye, le 18 novembre 1630, dans Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu : section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome V : 1930, Paris, A. Pédone, 1982, p. 656-657. [↩]
- Le maréchal de Schomberg à Richelieu, Lyon, 20 décembre 1630, ibidem, p. 723. [↩]
- Jean de Nettancourt-Vaubecourt à Richelieu, 15 janvier 1631, dans Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu : section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome V : 1930, Paris, A. Pédone, 1982, p. 35 et 46. Voir aussi Jean-Luc Kieffer, « Verdun de 1630 à 1640 », Annales de l’Est, 5e série, 11e année, 1960, p. 11-53. [↩]
- Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu : section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome V : 1930, ouvrage cité, p. 657, note 2. [↩]
- Anne Mangot de Villarceaux à Richelieu, de Carcassonne, 21 août 1632, translation publiée en ligne, texte 996. [↩]
- M. Pinard, Chronologie historique-militaire… Paris : chez Claude Hérissant, 1760-1778, 8 volumes, tome VI, p. 126. [↩]
- Voir Richelieu à Abel Servien, 12 octobre 1635, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), L’œil et la plume de Richelieu : correspondances croisées, année 1635, Paris, L’Harmattan, 2020, p. 487-488. [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, ouvrage cité, tome V, p. 1005. [↩]
- Richelieu au duc de La Valette et au duc d’Épernon, 18 janvier 1637, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, ouvrage cité, tome V, p. 1010 et p. 1011. [↩]
- La mention du document est faite dans l’inventaire des pièces conservées en tant que papiers d’État de Richelieu pour l’année 1636, documents laissés par Richelieu et par le comte de Chavigny, copie en double exemplaire, probablement du début du XVIIIe siècle, conservée au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 255, f° 116-311 et f° 312-389, voir la liasse n° 12. [↩]
- Ibidem. [↩] [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, ouvrage cité, tome V, p. 828. [↩]
- Richelieu au marquis de La Meilleraye, Abbeville, 31 mai 1639, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VII, p. 227. [↩]
- Pierre Grillon (éd.), ((Les papiers de Richelieu : section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome V : 1930, ouvrage cité, p. 657, note 2. [↩]
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (8 avril 2025). Rotondi (Jacques de, seigneur de Biscarat). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 15 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13pno