Claude de Bullion à Richelieu, Paris, 22 août 1632.
Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 802, f° 387-388. Original autographe, dont la transcription a été publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 403-404.
Monseigneur,
J’ai vu ce matin M. le Comte, lequel m’a fait voir deux lettres : l’une de M. de Belanglise du Hamel, de Picardie, sur les affaires de Bruxelles ; l’autre, sur le fait de Meulan. Il a estimé être à propos de vous en donner avis, et cependant de mettre l’ordre nécessaire au fait de Corbie, et de prendre soigneusement garde pour empêcher qu’il ne mésadvienne [sic] de quoi que ce soit contenu en ladite lettre au préjudice du service du Roi. L’autre lettre pour Meulan vous fait voir l’état auquel est cette place. On attend les commandements du Roi et les vôtres sur le fait de Mantes, et semble qu’il serait très à propos de faire garde en toutes les places, et principalement celles qui sont à vingt lieues de Paris, parce que s’il arrivait quelque chose, cela donnerait prétexte aux brouillons de faire du bruit dans cette ville.
Je suis obligé de vous dire que M. le Comte m’a demandé l’ordre qu’on lui laissait au cas qu’il survint quelque chose de-deçà. Je lui ai fait réponse que j’estimais que le Roi lui ferait entendre ses intentions, s’il ne l’avait fait, et qu’il me semblait qu’avez fait résoudre le Roi qu’il vint en prendre pendant l’éloignement de Sa Majesté, s’il survenait occasion qui méritât son emploi en sa présence. J’appréhende que chacun ne veuille être armé. Je ne le dis pour mondit seigneur, car je l’ai trouvé dans la modération sur ce sujet, et bien disposé à suivre ponctuellement vos intentions.
M. de Hauterive nous a porté une lettre du Roi pour IIIIXX M livres, à quoi nous satisferons avec l’aide de Dieu.
Nous partons demain pour Villeroy, où nous expédierons le commissaire Sabatier, pour lui donner ce qui est nécessaire pour Champagne, Picardie et les Trois-Évêchés. Nos trois millions sont, Dieu merci, assurés, les ayant en lettres de change pour Lyon, et en argent comptant mis en caques sur les charrettes. Ce n’a été sans difficulté, ayant à supporter les dépenses de Picardie et Champagne, qui montent à plus de six cent mille livres, sans comprendre les IIIIXX M dudit sieur de Hauterive, et les quinze cent mille livres de Hollande et Suède, et une infinité de dépenses pour lesquelles tout le monde nous accable, ne voulant point d’assignations, mais de l’argent comptant. Cela ne nous fait perdre courage, étant assurés de votre protection, vous suppliant, Monseigneur, de croire que nous ferons l’impossible pour le service de Sa Majesté sous l’honneur de vos commandements.
M. Bouthillier sera reçu demain au parlement1. Son information fut faite hier. Il couchera à Villeroy, et je m’y rendrai le matin, ayant pris cette résolution ensemble, afin d’y expédier cependant tout plein d’affaires auxquelles nous donnons ordre avant notre départ.
M. de Vignolles aura demain, Dieu aidant, les six mille livres qu’avez commandées.
Nous prenons le grand chemin de Lyon, par Nevers, afin de satisfaire plus promptement aux commandements qui nous serons donnés de votre part. Je prie Dieu de tout mon cœur qu’il vous conserve, et désire demeurer, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très obligé serviteur,
De Paris, ce XXII août
- Claude Bouthilllier est reçu au parlement de Paris en qualité de conseiller d’honneur. [↩]
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (9 avril 2025). Texte 999, année 1632, 22 août, Claude de Bullion à Richelieu. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 17 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13pwj