Texte 32, année 1632, 5 janvier, Salle à Richelieu

Salle à Richelieu, Londres, 5 janvier 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f° 4. Original autographe. Texte original publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, 52-54. 

Monseigneur,

La nouvelle parvenue jusqu’ici de la défaite des troupes étrangères par M. le maréchal de La Force fait croire à plusieurs que l’on en pourrait bien venir à une rupture. C’est ce qui me fait redoubler la présente à Votre Grandeur par la voie du secrétaire de M. l’ambassadeur de France résidant ici  [le marquis de Fontenay-Mareuil] pour lui représenter qu’après avoir, au hasard de ma vie, reconnu très particulièrement les plus importantes place de la frontière étrangères, remarqué leurs défauts, et trouvé des moyens aisés et faciles de s’en saisir, je m’étais adressé au marquis de <Saveuse>, fort connaissant en cette frontière, qui, pour lors, espérait de l’emploi, et lui avais déclaré une partie des moyens que j’avais estimé propre pour en venir à l’exécution et mis entre mains les plans que j’en avais dressés, avec bien de la peine, afin de les faire voir au Roi et à Votre Grandeur. Il me dit les vous avoir présentés, et à Sa Majesté, et qu’elle lui avait commandé les remettre entre les mains de M. de Beauclerc, secrétaire d’État.

Enfin le peu d’apparence que je vois qu’il fut employé me fit adresser ensuite à M. le maréchal de La Force, général en ce temps-là de l’armée de Picardie, qui se tenait à Calais, en l’attente d’un siège. Je lui fis ouverture des mêmes moyens, et l’espérance que j’avais de servir me fit arrêter auprès de lui, jusques au licenciement de l’armée. Et, après avoir vu passer tant d’occasion sans y avoir obtenu emploi, je me suis retiré en ce pays-ci, d’où ma profession me convierait de sortir si j’étais si heureux que de pouvoir espérer de Votre Grandeur quelque emploi, si la dite rupture survient.

Je m’assure bien que l’on ne saurait faire élection d’un homme plus fidèle et affectionné que moi qui, étant Français d’effet autant que je le suis de nation, ne souhaite rien tant en ce monde comme de employer jusque à la dernière goutte de mon sang et tout ce qu’il a plu à Dieu me départir d’expérience et industrie en ma profession pour le service de mon Roi et de ma patrie. C’est, Monseigneur, votre très humble serviteur,

Salle

Londres, ce 5 janvier 1632.

Monseigneur, l’assurance que j’ai que celle-ci parviendra jusque ès mains de Votre Grandeur me donnera du repos d’esprit à l’avenir d’avoir recherché tous les moyens que j’ai pu m’imaginer pour mon devoir au service du Roi, et n’en accuserai que le dessein de ma mauvaise fortune, et prierai Dieu qu’il donne à Votre Grandeur tout sorte de prospérités et de santé.

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

More Posts


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (25 mai 2022). Texte 32, année 1632, 5 janvier, Salle à Richelieu. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 6 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tpqn


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.