Claude de Bullion et Claude Bouthillier à Richelieu, Montargis, 27 août 1632.
Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 805, f° 36-37. Original autographe, de la main de Claude Bouthillier, dont la transcription a été publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 409-410.
Monseigneur,
Je ne vous mande rien de la mort du roi de Suède1, j’en écris au R.P. Joseph et lui envoie deux petits mémoires de ma main de chacun un feuillet seulement, d’un c’est le sujet de la lettre de M. de La Grange-aux-Ormes qui mande la mort du roi de Suède, l’autre c’est sur tous les divers articles que vous m’avez commandés.
À Montargis, ce vendredi, à 4 heures de matin, 27 août 1632
Monseigneur, nous nous donnâmes l’honneur de vous écrire hier et sommes contraints de vous importuner encore par le présente, par une dépêche que nous a envoyée le sieur de La Grée-de-Bruc par courrier exprès, par laquelle il nous mande qu’un nommé Bresc, en vertu d’une procuration de la reine mère du Roi datée de Bruxelles, a déjà reçu une demi-année du revenu de ses domaines de Bretagne, échue à Noël dernier, c’est-à-dire la dernière demi-année de l’année 1631, et qu’il s’efforce encore de recevoir la dernière année achevée à la Saint-Jean dernière.
Sur quoi ledit sieur de La Grée, voyant que les officiers des lieux n’avaient aucun ordre pour empêcher l’effet de cette procuration, et pour faire défense aux fermiers de payer à d’autres qu’aux receveurs commis par le Roi, il nous écrit qu’il a jugé à propos de dire qu’il avait charge de Sa Majesté, et qu’il a fait, sur ce fondement, signifier des défenses aux fermiers.
Ledit sieur de La Grée nous conjure de lui renvoyer promptement son courrier, pour le tirer de la peine où il est (en vain) de savoir s’il a bien fait. Nous lui aurions à l’instant fait réponse pour approuver ce qu’il a fait très à propos, mais, d’autant qu’il envoie à M. le garde des sceaux [le marquis de Châteauneuf] un assez gros paquet, dans lequel il lui pourrait mander quelque autre chose, joint aussi que l’expédition que nous croyons devoir être envoyée au sieur de La Grée ne peut être faite que par un secrétaire du conseil des finances et par arrêt dudit conseil, nous avons dépêché ce courrier vers vous, et vous supplions très humblement qu’il soit promptement renvoyé avec l’expédition convenable.
Nous avons su qu’il y en a eu une faite, ces jours passés seulement, à Saint-Germain. Si ainsi est, puisque les officiers des lieux ne l’ont point encore su, il faut envoyer la même expédition par ce courrier, qui la portera diligemment. Si M. le garde des sceaux juge qu’il en faille encore quelque autre, il l’enverra par même moyen.
Nous vous demandons pardon si nous vous écrivons si au long de cette affaire, qui nous importe d’autant que nous avons donné aux trésoriers de l’épargne2 quatre-vingt mille livres à prendre sur ces domaines, pour subvenir aux dépenses nécessaires où il faut argent comptant. Nous vous supplions très humblement que M. le garde des sceaux ne connaisse pas que nous vous ayons mandé le menu de l’affaire. Il croirait peut-être que nous aurions voulu accuser quelqu’un de négligence. Nous désirons nous bien maintenir avec tout le monde pour bien et fidèlement servir le Roi et vous aussi.
Mais nous sommes obligés de vous faire connaître le manquement ou l’incertitude de notre fonds, lorsqu’on le peut assurer. Nous sommes, comme nous devons, Monseigneur, vos très humbles, très obéissants, très fidèles et très obligés serviteurs,
Nous partons présentement pour aller coucher aujourd’hui à Briare, qui est une bonne journée. C’est pour nous rendre le plus tôt que nous pourrons près du Roi et de vous. Nous mandons à M. le garde des sceaux que nous vous écrivons un mot de cette affaire. Une lettre du Roi au sieur de La Grée, pour approuver ce qu’il a fait, sera bien à propos.
- Le roi Gustave-Adolphe trouve en réalité la mort le 16 novembre suivant, à la bataille de Lützen. [↩]
- Voir le texte 780. [↩]
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (14 avril 2025). Texte 1004, année 1632, 27 août, Claude de Bullion et Claude Bouthillier à Richelieu. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 17 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13r1n