Les consuls de Montauban à Richelieu, 7 janvier 1632.
Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 1628, f° 92-93. Original de la main d’un secrétaire. Texte original publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 62-63.
Monseigneur,
Si le Roi nous a fait du bien, nous en devons la seconde obligation à Votre Grandeur, et maintenant nous vous supplions d’agréer que nous demandions la troisième, qui est l’entretien des concessions et grâces de Sa Majesté, qu’il vous plut nous dispenser de sa part.
Votre protection, Monseigneur, qui nous a servi d’abri jusqu’à présent, nous fait aussi espérer que vous ne détruirez point notre ouvrage, mais que nous ayant une fois porté les grâces de Sa Majesté, vous ne permettrez pas qu’elles soient sans effet, vu que depuis, nous ne croyons pas avoir commis crime qui ait pu nous faire déchoir de ce privilège, suivant ses concessions ratifiées par les lettres patentes de Sa Majesté que nous en avons.
Ayant été procédé à un nouveau consulat en cette ville, et nous étant appelés à ses charges [sic], quoique le général applaudissement de la communauté dut en quelque sorte soulager le déplaisir de nous voir surchargés d’un si pesant fardeau, néanmoins, les menaces de quelques particuliers intéressés, jaloux du repos de cette ville et déplaisants d’y voir le service de Sa Majesté si puissamment établi, nous ont donné quelque appréhension qu’on pourrait vous rendre notre vocation suspecte.
Pour lever ceste crainte, nous recourons à Votre Grandeur, vous suppliant, Monseigneur, qu’il vous plaise ne nous dénier point la continuation de vos bienfaits mais par la suite de vos faveurs, quoique non mérités, donner de nouveaux sujets à cette ville de tenir à jamais les soins qu’il vous a plu prendre jusqu’ici de sa subsistance, vous assurant, Monseigneur, que comme cette ville ne se laissera point surmonter à pas une en fidélité envers le Roi. Aussi, nous qui vous la représentons, vous pouvons protester du meilleur de nos cœurs que Sa Majesté n’a point de plus fidèles et obéissants sujets et serviteurs que nous, et que dans le cours de nos charges, nous en donnerons des preuves si signalées ès occasions qui se pourront offrir que ceux qui pourraient avoir quelque volonté d’éluder vos promesses, seront contraints d’avouer que vous ne pouviez faire du bien à de plus obéissants sujets de Sa Majesté qui ne rechercheront ensuite de plus grande gloire que d’être estimés, Monseigneur, de votre grandeur, les très humbles, très obéissants et très obligés serviteurs,
les consuls de Montauban [suivent 5 signatures].
De Montauban, ce 7° janvier 1632.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (25 mai 2022). Texte 38, année 1632, 7 janvier, les consuls de Montauban à Richelieu. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 16 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tpqt