Le duc de La Valette à Richelieu, Metz, 10 janvier 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, cll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f° 11-14. Original autographe. Texte original publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 64-65. 

Monsieur,

J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait [sic] l’honneur de m’écrire, et obéi au commandement que vous me faites pour les chevaux que vous avez désiré. Mais je suis obligé de vous faire entendre, Monsieur, comme les commissaires de l’artillerie, au lieu d’aller choisir dans les villages ceux qui sont propres à cela, attendent que les paysans, aux jours de marché, viennent porter les vivres et provisions nécessaires pour la nourriture de la cour et des habitants de cette ville, et leur prennent alors leurs chevaux.  Ce qui nous met ici à la faim, et qui obligea M. le garde des sceaux, avant que le Roi partît, de publier ordonnance par laquelle il était défendu d’arrêter les chevaux de ceux qui portaient vivres ou provisions à la ville, afin de remédier à cet inconvénient.

Maintenant, Monsieur, ayant rompu la susdite ordonnance, pas un de ces gens-là ne reviendra plus. Et ainsi, nous serons dans de très grandes incommodités, principalement lorsque le Roi sera de retour. C’est pourquoi, je vous supplie très humblement, Monsieur, de commander qu’on y donne ordre, et moi je vous assurerai avec vérité que je n’ai point de plus violente passion que celle qui me fait désirer d’avoir assez de santé pour vous rendre près de votre personne tous les très humbles services possibles, Monsieur, à votre très humble et très obéissant et très obligé serviteur,

le duc de La Valette

De Metz, ce 10 janvier 1632.

---

---