Jean de Nettancourt, comte deVaubecourt, à Richelieu, Verdun, 15 janvier 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 10, f^° 7. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 70-71.

Monseigneur,

Vous saurez par M. Sanguin que la citadelle de Verdun est maintenant dans l’obéissance du Roi. Je vous envoie la copie des articles que j’ai accordé [sic] aux capitaines qui étaient dedans, et, n’eut été qu’il s’est trouvé dans mon coffre de quoi leur faire faire une montre argent comptant, nous eussions eu de la peine de les tirer si tôt hors de la place. Je me suis volontiers résolu de la fournir et de m’obliger aux cinq autres, tant par ce que le Roi me l’a commandé, que pour l’impatience que j’avais d’exécuter le premier emploi que vous m’avez fait l’honneur de me confier.

Les vieux régiments qui viennent de Piémont font grande difficulté d’entrer en garnison sans pain et sans solde. Il est impossible qu’ils y subsistent et me semble, Monseigneur, que la France doit espérer de vous (après tant de bien que vous lui avez fait) un règlement de paiement pour les gens de guerre, étant certain que les officiers de tous les régiments font des plaintes amères. Aussi depuis six mois que les régiments de Normandie sont sur pied, ils n’ont pas touché un liard, et ceux de Champagne ont fait deux montres en quinze mois. S’ils tiennent leur colère, ils ne feront plus de levée.

Je fournis maintenant à tous du pain sur mon crédit. Cela va à cinq cents francs par jour. C’est faire grand service au Roi d’envoyer promptement l’argent du licenciement.

Messieurs de Canisy et de Flavacourt ont très bien servi. J’avais ici six bons régiments. Il n’y a pas eu parmi nous une seule faute impunie. J’envoie Sabathier à la cour pour solliciter mon remboursement et mes autres petits intérêts, et, quoique je ne vous aie jamais rendu de service qui me doive faire espérer la grâce que je vous demande, si veux-je croire, Monseigneur, que vous me ferez le bien de me recommander à M. le surintendant [le maréchal d’Effiat] pour ma pension, frais et appointements de l’année dernière. Vous ne sauriez faire pour personne qui vous serve plus fidèlement que je ferai. J’en ai la volonté toute entière et le pouvoir, duquel je vous supplie très humblement de vous vouloir servir et de me croire, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur,

de Nettancourt Vaubecourt

À Verdun, ce 15^e de l’an 1632.

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