Le maréchal de Saint-Luc à Richelieu, Paris, 16 janvier 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France vol. 804, f^° 26. Original autographe. Texte original publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 60-61. Le texte a été placé par erreur à la date du 6 janvier 1632.

Monseigneur,

Je viens présentement de recevoir le paquet que je joins à cette lettre du sieur de Carnin, et la lettre qu’il m’a écrite, qu’il me prie, comme vous verrez, de vous envoyer aussi et soudain.

J’ai envoyé vers M. des Roches pour apprendre quand il aurait une voie prompte et assuré pour faire partir le dit paquet. Et pour n’y donner point de retardement de ma part, j’ai cru qu’il valait mieux, en l’attente de la réponse, vous faire ce peu de lignes où je n’entreprendrai pas, ainsi qu’il le désire, de vous persuader d’accélérer l’affaire dont est question, puisqu’outre ce que le respect me le défend, la connaissance que j’ai de votre parfaite prudence m’apprend que vous n’avez besoin que de la connaissance de l’état des affaires, pour y savoir donner les remèdes et la parfaite conduite nécessaire à les faire bien réussir. Joint qu’il y a peu d’apparence que dans les grandes affaires qui se peuvent présenter au voisinage où vous êtes¹, vous les puissiez si promptement abandonner pour nul autre dessein qui vous en peut éloigner, aussi n’ai-je à vous dire sur ce sujet que le renouvellement de ma très humble obéissance, pour servir où l’honneur de vos commandements me l’ordonnera, et vous supplier très humblement, Monseigneur, que s’il s’exécute quelque chose en cette affaire, vous ayez agréable de m’y conserver la part et l’emploi que vous et Sa Majesté m’avez fait l’honneur de m’y promettre, et de vous souvenir de ce que j’y ai contribué jusqu’à maintenant, qui ne sont que de petits effets de mon affection, dans l’oisiveté où depuis quelques années mon malheur m’a laissé, et possible si l’honneur de vos commandements m’avaient donné plus de moyen de la vous faire paraître par mes très humbles services.

Eusse-je été [sic] assez heureux pour vous en avoir donné quelque satisfaction, du moins suis-je assuré qu’en obéissance et fidélité et franchise à exposer ma vie, à l’exécution sans aucune réserve de tous vos commandements, nul autre n’y peut avoir jamais davantage sur moi, qui vous supplie très humblement d’user du pouvoir absolu que vous avez sur moi en tout ce que vous m’en jugerez digne, et de me faire l’honneur de réserver en votre souvenir l’inviolable affection que j’ai vouée à votre très humble service, qui sera toujours accompagnée de l’aveugle obéissance que vous doit, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très fidèle serviteur,

Saint-Luc

À Paris, le 16° janvier à XI heures du matin.

Je vous envoie les nouvelles que le sieur de Carnin m’a jointes à sa lettre, quoique je juge bien que vous devez être mieux informé des plus importantes qui y sont. Mais j’ai cru n’être mal à propos que vous vissiez quels sont les bruits et les imaginations de ce pays-là. Commandez-moi ce qu’il vous plaira sur cette négociation.

1. Richelieu se trouve alors en Lorraine où Louis XIII et le duc Charles IV viennent de signer le traité de Vic. [↩]

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