Le cardinal Nicolas-François de Lorraine à Richelieu, Nancy, 2 février 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 9, f° 194. Original de la main d’un secrétaire.

Monsieur, 

Je rougis de honte de commencer à importuner Votre Éminence avant que de la servir, mais vous m’avez, avec tant de franchise, promis part en vos bonnes grâces que je me sers de la liberté que vous m’avez donnée et implore votre faveur pour un pauvre prisonnier nommé Tédesquin. Je n’ai pu dénier cet office à sa femme qui est Lorraine et aux prières que m’en a fait M^me ma belle-sœur, qui a cru que les miennes ne seraient pas inutiles auprès de Votre Éminence. Il dépendra de votre courtoisie de faire voir qu’elle ne s’est pas trompée au jugement qu’elle en a fait et que vous estimez autant mon affection que je sais honorer votre mérite. Je m’en promets d’autant plus facilement la faveur que l’on m’assure que la disgrâce de ce pauvre gentilhomme est plutôt malheur que méchanceté. Vous suppliant de croire que si je pensais qu’il en soit autrement, je ne m’en mêlerais pas, mais voudrais moi-même lui procurer un plus grand abois, je tiendrai cette obligation très particulière et vous donne ma parole de retenir ledit Tedesquin en ce pays, d’où il ne partira pas que le Roi ne l’ait agréable. Je remets le surplus à la suffisance de ce porteur, auquel je conjure Votre Éminence d’ajouter entière créance aussi bien qu’à la protestation que je vous fais d’être toute ma vie, Monsieur, votre très humble, très affectionné serviteur,

le cardinal de Lorraine.

À Nancy, ce 2 février 1632.

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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