Le maréchal Henri de Schomberg à Claude Bouthillier, Nanteuil-le-Haudouin, 4 avril 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 10, f° 260. Original de la main d’un secrétaire, sauf la signature et la formule finale autographe. Suscription au f° 260 v° : « à Monsieur, Monsieur Bouthillier, conseiller du Roi en ses Conseils, secrétaire d’État et des commandements de Sa Majesté ». D’une écriture différente :« M. le maréchal de Schomberg, 4 avril 1632, il est important que Monseigneur voie cette lettre promptement, si lui plut ».

Monsieur,

J’ai été bien surpris de l’arrivée en ce lieu d’un courrier de l’électeur de Cologne, qui m’a apporté la lettre de l’évêque de Wurtzbourg, que vous trouverez ci-jointe, ledit évêque croyait que sa lettre me trouverait à l’armée ou bien proche de là.

Si j’étais éloigné de la cour, je ne me trouverais pas empêché de lui répondre, mais, en étant si proche, je ne le dois pas faire sans avoir l’ordre du Roi de ce qu’il lui plaît que je mande au dit sieur évêque de Wurtzbourg.

Je retiens ici le dit courrier, sous prétexte que ma maladie m’empêche de travailler à sa réponse, et crois que Monsieur le Cardinal trouvera à propos que je ne l’aie pas rendu porteur de cette dépêche, parce que cet homme étant près de vous, vous auriez été obligé de parler plus clairement que vous ne jugerez peut-être à propos de faire, vu même la mauvaise conduite des électeurs, qui ne parlent point et font seulement agir cet évêque, que si l’opinion de Monsieur le Cardinal était autre, et qu’il voulût faire déclarer le Roi ouvertement sur la demande portée par la susdite lettre, m’en donnant avis, je vous enverrai aussitôt le courrier allemand, auquel je ferai cependant faire bonne chère afin qu’il ne s’ennuie point.

Quant à mon mal, je n’ai plus, grâce à Dieu, de douleurs, mais je ne me puis encore soutenir en façon du monde, de sorte que je crois qu’il me faut toute la semaine où nous entrons pour me pouvoir porter sur les pieds. J’espère néanmoins le lendemain de Pâques me rendre à Saint-Germain. Si vous désirez que ma finesse ne soit pas connue, faites-moi, je vous supplie, réponse bien promptement, et la faveur de me donner toujours, s’il vous plaît, vos bonnes grâces, Monsieur, comme à votre plus humble et très affectionné serviteur,

Schomberg

De Nanteuil, ce 4^me avril 1632.

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