Réquisitoire contre Charles de Lorraine, duc de Guise, Saint-Germain-en-Laye, 18 avril 1632.

Archives départementales des Bouches-du-Rhône, B 3348, f° 593 (registres du parlement). Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 765, f° 154-157 (copie retenue pour la transcription). Bibliothèque de l’Institut, coll. Godefroy, vol. 310, f° 111 et 116 (copie).

Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, comte de Provence, Forcalquier et terres adjacentes, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Ayant, lors de la sortie de la Reine, notre très honorée dame et mère, hors de Compiègne, et de sa retraite au côté de Flandres, estimé à propos, pour arrêter le cours des factions qui se formaient tant en dedans que dehors notre royaume, par les artifices des ennemis de cet État, de faire assembler près de nous les personnes des plus qualifiées d’icelui pour avoir leur avis sur ces occurrences, de prendre les résolutions nécessaires pour prévenir les inconvénients qui en pourraient arriver, nous aurons ordonné à notre très cher et très aimé cousin le duc de Guise de nous venir trouver, pour la considération du rang qu’il tient en notre dit royaume, lequel, au lieu de se rendre près de nous, suivant l’ordre qu’il en avait reçu, nous aurait, par ses lettres et par notre très chère et bien aimée cousine la duchesse de Guise sa femme, fait instance de lui permettre d’aller pour deux ou trois mois à Lorette et à Rome, ce que nous lui avons bien voulu accorder, pour lui faire voir en cela un nouveau témoignage de notre bienveillance et bonté, à condition toutefois qu’après l’expiration dudit temps, il nous viendrait là par où nous serions pour nous éclaircir de quelque ombrage que nous avions justement conçu de sa conduite, et à quoi tant s’en faut qu’il se soit mis en devoir de satisfaire comme il était obligé par toutes sortes de considérations, qu’au contraire, après avoir prolongé ce délai beaucoup au-delà du terme prescrit, au lieu de venir lui-même, il nous aurait envoyé à Vic[-sur-Seille], au mois de janvier dernier, le sieur Grandpré, l’un de ses domestiques, pour nous supplier de lui vouloir donner quelque emploi dans les troupes que nous faisons passer en Italie pour la défense de nos alliés, plutôt pour pallier sa désobéissance que pour avoir dessein de servir <…>, ce que ayant bien reconnu, nous lui aurions derechef fait savoir du termes exprès par le retour du dit sieur de Grandpré, comme nous persistions au désir que nous lui avions déjà témoigné avoir qu’il se rendît près de nous pour se justifier de beaucoup de choses qui nous <…> d’avoir ses actions suspectes. Mais n’ayant pas tenu plus de compte d’obéir à ce dernier commandement qu’au précédent, et le dit sieur de Grandpré étant revenu d’auprès de notre cousin en notre cour, sans que notre dit cousin ait voulu se conformer à nos volontés, nous avons cru ne devoir et ne pouvoir interpréter ses remises qu’à une rébellion manifeste, et son séjour hors de notre royaume qu’à un dessein d’y conduire et entretenir des intelligences et pratiques au désavantage de notre service et de la tranquillité publique de nos sujets, en quoi nous avons été confirmés par les derniers avis qui nous ont été donnés d’ailleurs, de sorte que ***.

Donné à Saint-Germain-en-Laye, le 18^ème jour au mois d’avril, l’an de grâce 1632.

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

More Posts