Henri de La Trémoille, duc de Thouars, à Richelieu, Thouars, 22 avril 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 804, f° 105. Original autographe.

Monseigneur,

J’avais regret de me voir éloigné des États de Bretagne, puisque ce m’était ôter le moyen de vous y servir. Mais à présent que je reconnais votre volonté, tant s’en faut que j’en ressente du déplaisir que j’en ai du contentement, et vous demeure extrêmement obligé d’en user de la sorte, puisque vous pouvez absolument tout sur moi.

Au reste, Monseigneur, j’ai une telle joie de l’assurance que vous me faites la faveur de me donner de la continuation de vos bonnes grâces que tout le bien que j’ai au monde est si véritablement en votre disposition que vous en êtes le maître absolu, à telle condition qu’il vous plaira. Outre tout cela, ma personne vous est acquise, celle de mon fils aîné, que ci-devant j’ai eu l’honneur de vous offrir, que je vous offre encore, et que je vous supplie de tout mon cœur de vouloir accepter pour en disposer du tout à votre volonté, espérant le faire si bien nourrir que vous n’aurez pas désagréable de l’avouer pour vôtre.

Et quant à mon établissement, je sais bien qu’il ne peut être autre qu’ainsi qu’il vous plaira d’en ordonner. À quoi je ne trouverai jamais rien à redire, mais s’il vous plaît me permettre de vous parler avec liberté, je vous dirai que si j’étais à choix de tous les gouvernements de France et de la lieutenance de Bretagne, je vous supplie très humblement de croire que je ferais élection de la lieutenance de Bretagne pour ce que je me veux tellement attacher à vos intérêts que rien ne m’en puisse séparer que la mort. Joint que là mieux qu’ailleurs, je serai en état d’agir plus puissamment pour votre service pour plusieurs raisons que je vous ferai mieux remarquer par les effets que par les paroles.

Enfin, Monseigneur, pour ne pas vous importuner davantage, disposez, je vous supplie, absolument de ma personne, de mes enfants et de mon bien.

Je remets le tout entre vos mains et sur ce j’attendrai l’honneur de vos commandements afin d’y obéir aussi ponctuellement qu’il est vrai que je suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Henri de La Trémoille.

À Thouars, le 22^e d’avril.

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