Bernard de Nogaret, duc de La Valette, à Louis XIII, Metz, 26 avril 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 10, f° 272-273. Original autographe. Suscription au f° 273 v° : « au Roi ». De la main d’un conservateur : « M. le duc de La Valette, Metz, 26 avril 1632, demande de règlement pour la subsistance de la cavalerie qui ruine le pays ».

Sire,

Auparavant que j’eusse reçu la lettre qu’il a plu à Votre Majesté m’écrire le 8 de ce mois, Monsieur le maréchal de La Force m’ayant fait connaître que l’intention de Votre dite Majesté était que l’on mit en garnison des compagnies de cavalerie dans ce pays, je fis tout ce qui me fut possible pour faciliter leur logement.

Et afin que le peuple en reçût moins d’oppression, j’ai fait publier un règlement que Votre Majesté fit à Fontainebleau en octobre 1629 pour la subsistance de la cavalerie, nonobstant lequel les chevau-légers ne laissent pas de faire infinis désordres, rançonnant leurs hôtes et faisant des dépenses excessives sans se soucier de l’observation dudit règlement. À quoi, Sire, il est nécessaire de pourvoir promptement, car ils contraindront ce qui reste d’habitants de tout abandonner (y en ayant une partie qui a déjà quitté) pour ne pouvoir pas fournir ce que l’on leur demande, y ayant si grande disette de toutes choses, et particulièrement de foin et d’avoine, que les deux tiers n’ont peu faire leurs mars. Pour moi, j’apporterai tout ce qui sera possible pour l’exécution des ordres et commandements de Votre Majesté, mais il est absolument nécessaire pour le bien de son service de soulager ce pauvre pays, qui est tout à fait ruiné s’il n’y est remédié.

J’ai reçu ce matin une lettre du comte de Wiltz, gouverneur de Thionville, dont j’ai joint le double à cette dépêche, ensemble de la réponse que j’ai jugé à propos d’y faire pour le bien du service et autorité de Sa Majesté, ayant cru que cette lettre était couchée en termes si incivils que je ne lui pouvais faire une réponse plus douce. Pour ce qui est des villages de Raville et Bambiderstroff, desquels il se plaint, il n’y a que fort peu de temps que ceux dudit duché les prétendent être de leur souveraineté, Votre Majesté et les Rois ses prédécesseurs y ayant logé leurs troupes et les carabins de cette garnison y continuant la possession de temps en temps, et si ledit sieur maréchal, qui y logea des troupes, ne les eut pas délogées à la prière du dit comte de Wiltz, ce que je n’ai su que depuis, et qu’il m’en eut demandé mon avis, je l’eusse prié de ne le pas faire, attendu la conséquence pour cette nouvelle prétention de ceux dudit duché. Sur quoi, j’ai écrit audit sieur maréchal afin qu’il y apporte l’ordre qu’il jugera nécessaire pour le bien du service de Votre Majesté. Auparavant que Votre Majesté partit de cette ville, il lui plut de commander aux capitaines de cette garnison de faire une recrue de cinquante hommes à chacune de leurs compagnies, à quoi il est besoin de travailler promptement, le bien du service de Sa Majesté le requérant particulièrement en cette saison, sur les divers avis que l’on a de beaucoup d’endroits. Ce qui me fait supplier très humblement Votre Majesté de commander que l’on y donne ordre au plutôt et de croire que je n’ai point de plus violent désir que celui de mériter par mon obéissance la qualité, Sire, de votre très humble, très obéissant sujet, très fidèle et obligé serviteur,

le duc de La Valette.

De Metz, ce 26 avril 1632.

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