Le maréchal de La Force et le maréchal d’Effiat, au duc Charles IV de Lorraine, Hottviller, 30 mai 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 10, f° 319-320. Copie de la main d’un secrétaire.

Monseigneur,

L’opinion que Sa Majesté a de la part que vous prenez, non seulement en ce qui regarde l’avantage de ses affaires, mais aussi le bien de de la religion, son armée n’étant en ces quartiers que pour la conservation des catholiques, et pour la particulière assistance que le Roi veut rendre à Monsieur l’électeur de Trèves, suivant les réquisitions qu’il lui en a souvent faites, nous a commandé de vous communiquer ce qui se passera pendant le séjour de son armée en ces quartiers, ce qui nous a donné sujet de vous envoyer ce gentilhomme, et par lui, vous faire connaître que comme les grands maux font songer aux grands remèdes, ce que le dit sieur électeur a pratiqué de sorte qu’il ne s’est jeté entre les bras du Roi que lorsqu’il ne lui restait plus entre les mains rien de considérable que la place de Coblence dont la conservation ne dépend pas de lui, si on ne lui donne des forces capables de la garder, et avec tant de difficulté qu’il ne nous a, jusqu’ici, non seulement su donner la sûreté du passage des troupes, mais les commodités des vivres, sans lesquels elles ne peuvent marcher, car, pour le chemin, nous le nous fussions bien rendu libre, si nous eussions seulement été assurés d’y trouver du pain, ce que nous ayant refusé absolument, et ne laissant de nous presser par plusieurs courriers, nous en étant venu depuis hier d’eux tous à la fois, par lesquels il nous conjure de lui envoyer quelques troupes gaillardes pour conserver Coblence et Ehrenbreitstein, ce qui nous a fait résoudre de donner la commission à Monsieur de La Saludie, qui a de grandes habitudes avec lui, de lui mener mille hommes de pied et cent chevaux, et sur l’avis que nous avons eu en même temps que le comte d’Emden ayant abandonné Spire, marche à grandes journées vers le pays de Deux-Ponts, comme s’il voulait prendre son chemin à travers l’évêché, ce qui nous oblige d’essayer de nous tenir au-devant lui, jusqu’à tant que nous soyons mieux informés de ses intentions, dont nous vous donnerons avis très soigneusement, Monsieur de Guron qui vient d’arriver comme nous achevions cette lettre nous ayant donné tant d’assurances de votre affection en ce qui regarde le bien des affaires de Sa Majesté que nous prendrons soin de vous avertir au premier jour de tout ce qui se passera, étant, Monseigneur, vos très humbles et très affectionnés serviteurs,

La Force et d’Effiat.

À Hottviller, le 30^e mai 1632.

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

More Posts