Le maréchal d’Effiat à Richelieu, mai 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 10, f° 298. Mise-au-net de la main du maréchal d’Effiat, pièce non signée.

Monseigneur,

Je ne sais si vous trouverez bon que La Saludie proposât à l’évêque de Trèves qu’après nous avoir livré ce qu’il nous doit donner, il voulût passer dans notre armée, pour, agissant comme le maître des troupes, nous conduire droit à Trèves pour le rétablir chez lui, en chasser les Espagnols, et de toutes les terres qu’il tient à lui depuis la Moselle jusques à Coblence, et de là faire le même effet à Spire, que l’Espagnol ne saurait refuser de lui rendre.

On se déclare non seulement ennemi des catholiques mais des évêques-électeurs, ce qui blesserait la réputation dévote dont ils sont trop amoureux, aussi qu’il leur serait inutile de s’y attacher en cette rencontre, puisqu’ils n’avaient pas moyen d’y résister. Aussi l’on serait libre dans ce pays qui est entre Strasbourg et Metz, et qui est renfermé entre la Moselle et le Rhin, contenu dans la petite carte que nous vous avons envoyé et ne resterait que franc <…> aux Espagnols, qui auraient grande peine à se conserver aux histoires, n’y ayant que ce seul objet. Et M. de Lorraine ayant mis de l’eau dans son vin comme dit qu’il fera et le Roi étant assuré de côté-là, toute notre main droite sera libre le long du Rhin dans l’Alsace, où l’on dit qu’il y a un merveilleux champ à faire glaner. Monseigneur pardonnera s’il lui plaît ce jet de l’affection de son serviteur, qui le lui expose aussi librement qu’il sait, que franchement et sans grande peine, Mon dit Seigneur en revanchera le tout ou partie qui ne lui sera pas agréable, ne demandant là-dessus qu’un petit mot de réponse, s’il vous plaît, et de se ressouvenir que <Godelu> n’a point eu celle que l’on dit que le prieur de Coussay avait faite en réponse de la lettre qu’avait apporté l’abbé de <…> il l’a demandé volontiers pour recevoir une dague de <récréation>.

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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