Charles de Lorraine (1571-1640), 4e duc de Guise et pair de France en 1588, prince de Joinville, est le fils aîné d’Henri de Lorraine (1549-1588), duc de Guise, le balafré, et de Catherine de Clèves († 11 mai 1633), comtesse d’Eu et pair de France.
Il est aussi le frère de Claude de Lorraine (1578-1657), duc de Chevreuse ; celui de Louis de Lorraine-Guise (1585-1621), dit « le cardinal de Guise », archevêque de Reims après leur oncle, Louis de Lorraine-Guise assassiné le 24 décembre 1588, au lendemain de l’assassinat de leur propre père, le 23 ; et celui de François-Alexandre-Paris de Lorraine-Guise, né posthume, chevalier de Malte, lieutenant-général au gouvernement de Provence, et, selon La Chesnaye-Desbois et Badier, tué au château des Baux près de Tarascon en 16141.
Charles de Lorraine-Guise est titré, du vivant de son père, chevalier de Guise et prince de Joinville. Devenu duc de Guise, il devient encore, le 5 janvier 1611, duc de Joyeuse et pair de France, comte d’Eu et pair de France le 11 mai 1633, et duc de Chevreuse.
Après l’assassinat de son père, en 1588, il est arrêté avec le reste de la famille, mais s’évade et gagne Paris où il est reconnu chef de la Ligue. Il ne se soumet à Henri IV qu’à l’automne 1594.
Gouverneur et lieutenant-général en Champagne et en Brie en 1588, il obtient également à la même date la charge de Grand Maître de France en survivance de son père.
Grand maître de la navigation de France et amiral du Levant en 1594, il résigne alors aussi son gouvernement de Champagne contre celui de Provence.
Pendant la régence de Marie de Médicis, il demeure fidèle à la royauté, prenant la tête de troupes contre les princes révoltés qu’il bat à plusieurs reprises en 1616-1617, prenant, en outre, le contrôle des places de Richecourt, Château-Porcien et Rethel.
Partisan d’une monarchie modérée qui aurait laissé de larges pouvoirs aux Grands, le duc de Guise ne se montre plus aussi loyal serviteur du Roi très chrétien après la prise du pouvoir par Louis XIII et l’assassinat de Concini (1617). Il est pourtant fait chevalier des Ordres du Roi le 31 décembre 1619.
S’il participe aux guerres contre les huguenots en commandant une armée royale en Provence (1622), puis la flotte lors du siège de La Rochelle (1627-1628), il en abandonne cependant la direction, jugeant ses prérogatives insuffisantes. La politique navale de Louis XIII et les ambitions de Richelieu, ainsi que l’envoi d’élus en Provence pour y prélever l’impôt, le font basculer dans l’opposition au cardinal.
À l’époque de la journée des Dupes (novembre 1630), le duc de Guise n’hésite pas à critiquer la politique antiespagnole de Richelieu. De surcroît, la perception de l’impôt par des agents du Roi, et non plus par des agents locaux, donne lieu à de nombreux incidents, auquel il ne se mêle pas, d’où une grande popularité parmi la population locale. Sommé de s’expliquer au début de l’année 1631, menacé par une armée menée par le prince de Condé, le duc de Guise préfère franchir les Alpes et trouve un exil définitif en Italie. Richelieu s’est d’ailleurs réservé, d’une part, et dès 1626, la charge d’amiral du Levant, d’autre part celle de grand amiral de Provence.
En 1632, le cardinal-ministre obtient l’intégralité des affaires maritimes du royaume, en devenant Grand Maître de la Navigation et du Commerce. Dans le même temps, le duc de Guise est démis de son gouvernement de Provence, remplacé par le maréchal de Vitry, et disgracié.
Il prend la fuite et s’exile à Florence sans, toutefois, jamais rompre les liens avec la cour et sans jamais trahir le Roi. Le 6 octobre 1634, il charge le consul français à Livourne d’avertir le roi de France de l’imminence du débarquement, en Provence, d’une importante flotte espagnole2.
Le duc de Guise a épousé, le 5 janvier 1611, Henriette-Catherine de Joyeuse (v. 1585 – † 25 février 1656), duchesse de Joyeuse et pair de France, comtesse du Bouchage, veuve d’Henri de Bourbon, comte de Montpensier. Le couple a de nombreux enfants : François de Lorraine-Guise, prince de Joinville, né le 3 avril 1612, décédé à Florence le 7 novembre 1639, sans avoir été marié ; des jumeaux nés le 4 mars 1613, décédés peu après ; Henri de Lorraine, archevêque de Reims puis 5e duc de Guise, prince de Joinville après son frère, comte d’Eu, né le 4 avril 1614, décédé le 2 juin 1664 ; Marie de Lorraine-Guise, dite « Mademoiselle de Guise », née le 15 août 1615, décédée le 3 mars 1688 ; Charles-Louis de Lorraine-Guise, né le 15 juillet 1618, décédé à Florence le 15 mars 1637 ; Françoise-Renée de Lorraine-Guise, née le 10 janvier 1621, abbesse de Saint-Pierre de Reims puis abbesse de Montmartre, décédée le 4 décembre 1682 ; Louis de Lorraine-Guise, duc de Joyeuse, né le 11 janvier 1622, décédé à Paris le 27 septembre 1654, des suites de blessures reçues au siège d’Arras ; Roger de Lorraine-Guise, né le 21 mars 1624, mort de fièvres à Cambrai le 6 septembre 1653 ; une fille décédée à un an.
Le quatrième duc de Guise décède à Cuna, en Toscane, le 30 septembre 1640. Sa dépouille, ainsi que celles de ses fils François et Charles-Louis sont transférées à Joinville en 1641.
Voir aussi Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l’époque moderne (1519-1790), Paris, éditions Maisonneuve & Larose, 1996, p. 636-637.
Textes 34, 123, 290, 328, 553, 579, 688, 705, 765, 766, 818, 821, 923,
- François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois et Badier, Dictionnaire de la noblesse…, troisième édition tome douzième, Paris, chez Schlesinger frères, 1868, col. 414-416. [↩]
- Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, t. 2, p. 261-262. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (16 mars 2022). Lorraine (Charles de, duc de Guise). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 6 décembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tphs