Jean-François de La Guiche, maréchal de Saint-Géran, à Louis XIII, [Cusset], 9 juillet 1632.
Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 804, f° 250-251. Original autographe.
Sire,
Les lettres de M. d’Alincourt témoignent à Votre Majesté mon malheur de n’avoir reçu votre dépêche que quinze jours après lui en avoir fait une à Votre Majesté, l’adressant à Monseigneur le cardinal par un courrier ordinaire qui revenait de Dauphiné, par lequel je donnai avis à Votre Majesté de la facilité qu’il y avait non seulement d’empêcher ses passages, mais de le défaire lui et ses troupes.
Et quand j’aurai l’honneur d’en rendre compte à Votre Majesté, il dira que je lui en parle avec la raison qu’un soldat qui a la barbe grise doit faire. Je n’ai pas osé mettre personne à cheval sans commandement de Votre Majesté, craignant qu’on n’expliquât mon zèle et affection d’autre façon qu’il n’est dans mon cœur. J’avais retenu avec moi le comte de Saligny et le cornette de mon fils, attendant les commandements de Votre Majesté pour être témoin de mes actions, et parce que se sont personnes de courage qui vous y pourront dignement servir. Le dit comte, mon neveu, fera entendre à Votre Majesté comme tout s’est passé, et comme j’ai été traité sans oser rien entreprendre, faute de vos commandements, et plût à Dieu, Sire, fusse-je en présence devant eux avec six cents chevaux et deux cents mousquetaires, jamais il ne se présentera à moi une occasion de vous faire un si grand service. Ces messieurs vous diront en quel état ils m’ont laissé de désespoir. Ils ont assiégé ma maison, pensant m’y trouver, et feignant que c’était pour avoir la femme du baron de Saligny. Mais ils eurent l’alarme et se retirèrent. Ils étaient au nombre de deux mil chevaux. Et n’ont pas si bien fait qu’il n’en soit demeuré plusieurs de leurs équipages. Si Messieurs mes compagnons, Sire, me voulaient faire l’honneur de me donner leurs coureurs à mener, si nous venons sans les incommoder, je voudrais que me fassiez couper le col aussitôt qu’ils seront en ce pays. Je les verrai et ferai tout ce que je croirai être nécessaire pour le service de Votre Majesté et tout ce qu’ils résoudront, suppliant Votre Majesté de me croire, de Votre Majesté, Sire, le très humble, très obéissant et très fidèle sujet et serviteur,
Ce 9e juillet 1632.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (26 mai 2022). Texte 198, année 1632, 9 juillet, le maréchal de Saint-Géran à Louis XIII. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 1 novembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tpv9