Henri de Gondi, duc de Retz, à Richelieu, Machecoul, 11 juillet 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 1504, f° 84. Original, de la main d’un secrétaire. Suscription au f° 86 v° : « à Monseigneur, Monseigneur le cardinal de Richelieu ».

Monseigneur,

Si je ne suivais que mes sentiments à toutes heures, mes lettres vous demanderaient l’honneur de vos commandements et vous protesteraient que de tous ceux à qui vous permettez de prendre le nom de vos très humbles serviteurs, il n’y en a pas un qui, avec tant de joie et de diligence, rendît à vos commandements l’obéissance qui y est due que ce que je ferai en étant honoré.

Mais, Monseigneur, les importantes affaires qui vous occupent perpétuellement m’empêchent de vous rendre ce devoir-là pour ne pas abuser de votre bonté vous amusant à lire des compliments qui vous sont généralement dus, et aussi la croyance que j’ai que vous ayant véritablement voué mes services très humbles, et m’ayant fait l’honneur de m’assurer que vous ne doutiez point que je ne fusse toujours à vous, j’ose me promettre que si vous me jugiez utile à votre très humble service, vous me commanderiez ce qu’il vous plairait que je fisse. Ces raisons-là me retiendraient encore, et, Monseigneur, de vous écrire, si ce n’était qu’étant venu aux États de Bretagne par le commandement que vous m’en avez fait faire du Roi, j’ai cru de mon devoir de vous rendre compte comme les choses s’y sont passées, non pas que je doute que déjà vous ne les ayez apprises, mais afin de vous représenter que, maintenant, je suis sans occasion de vous pouvoir servir en cette province, y ayant fait entièrement ce que vous m’aviez fait l’honneur de m’ordonner, de laquelle je sortirais avec grande joie, si c’était pour être employé de vous au service du Roi ou au vôtre. Si vous permettez, Monseigneur, à ce porteur, il fera ce que je vous dis. Et moi, je conformerai toutes les assurances qu’il vous donnera de ma fidélité par toutes mes actions et en attendant les occasions de le faire, ce sera par les vœux que je vous fais d’être éternellement, Monseigneur, votre très fidèle et très obéissant serviteur.

Retz

Machecoul, ce 11^e juillet 1632.

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