Agésilas de Narbonne, seigneur d’Aubiac, à Richelieu, Paris, 25 juillet 1632.
Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 804, f° 292. Original de la main d’un secrétaire.
Sur l’avis que M. de Bullion eut que le Roi devait être à Troyes le douzième de ce mois, je m’y étais acheminé avec lui pour avoir l’honneur de vous y rencontrer.
Mais sachant que vous veniez d’un autre côté, je retournai en cette ville, où je me suis trouvé si lassé et incommodé du voyage, que j’ai été contraint de m’y reposer, espérant toujours que Dieu me ferait la grâce de me donner assez de santé pour vous aller rendre mes devoirs au Bois-le-Vicomte. Je croyais hier d’être en état de l’entreprendre aujourd’hui, et l’avais ainsi résolu, comme vous dira M. Citoys, si je n’eusse été dans un fâcheux accident toute la nuit passée qui m’en ôte la force et le moyen. Je connais bien que c’est témérité, étant inutile comme je suis, de vous supplier très humblement, Monseigneur, de vous souvenir que vous ne vous êtes point importuné lorsque je vous ai demandé vos faveurs, et que vous m’avez témoigné que vous auriez agréable que le Roi me donnât de l’honneur. J’avoue, Monseigneur, que je n’en fus jamais si curieux, et que si bien j’ai le pied dans la fosse, ce me sera une grande douceur de laisser une marque dans ma maison qui témoigne que le Roi et vous avez été satisfaits de mes services. Je sais que ce que je demande est au-dessus de moi. Vos faveurs suppléeront, s’il vous plaît, à ma faiblesse, et me donneront excuse à la liberté que je prends de vous en écrire. Je vous supplie, Monseigneur, de me pardonner et de croire que vous ne considérerez jamais personne qui ait plus de zèle et d’affection de vous rendre très humble service, et si Dieu me donne quelque vigueur, je ne l’estimerai que pour l’employer à vous faire connaître que je suis, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur,
À Paris, ce XXVe juillet 1632.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (26 mai 2022). Texte 225, année 1632, 25 juillet, Aubiac à Richelieu. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 19 septembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tpw0