<Chauvène> au cardinal de Richelieu, Nîmes, 5 août 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 1628, f° 198-199. Original autographe. Suscription au f° 199 v°: « à Monseigneur, Monseigneur l’éminentissime cardinal de Richelieu, duc et pair de France ».

Monseigneur,

L’astre qui esclaire le monde luit aussi bien sur l’hyssope que sur les cèdres. Votre Éminente Grandeur ne dédaigne rien, pour abaissé qu’il soit, pourvu qu’Elle y reconnaisse les marques de la fidèle sujétion qui est due à notre grand Roi, au service duquel vous avez voué tous vos soins et dédié ces vertus héroïques de prudence et de générosité, dont le ciel vous a enrichi si libéralement.

Ce serait extrême indiscrétion d’oser vous divertir de ces hautes pensées, n’était que ce divertissement aboutit à une même fin, à laquelle toutes vos affections se rapportent. Vous aurez agréable, Monseigneur, de vous ressouvenir que je vous ai dit que le Roi, ordonnant la démolition des bastions qui étaient à l’entrée de cette ville, y en laissait autant pour son service. Comme il y avait de cœurs des habitants qui font profession de même religion que nous, qui seraient toujours des remparts inexpugnables contre tous ceux qui voudraient desservir Sa Majesté, je loue Dieu que l’événement a justifié mes paroles, et qu’en une occasion si importante, nous avons surmonté toutes les appréhensions que pouvait avoir une ville dénuée de bastions et fossés autour de ses murailles, de <rauclins> en ses portes, de canons et de munition contre un grand soulèvement en la province, une grande puissance, et séculière et ecclésiastique, dans son enceinte pour n’avoir autre désir que de servir son Roi, et ratifier sa fidèle sujétion au prix du sang de tous ses habitants, qui font une même profession que nous. Le sieur Ligeol, exempt des gardes, qui en cette occasion a très bien servi le Roi, vous dira ce que mes collègues et moi y avons contribué. C’est partie de ce que nous devons, mais qui sera suivie de semblables effets en ce que Sa Majesté voudra requérir de nous, qui ne croirons jamais ni ce peu de biens, ni la vie qui nous reste, mieux employée que pour le bien de son service et pour le soutien de son autorité royale. Je prie Dieu, Monseigneur, qu’il lui plaise rendre Sa Majesté triomphante de tous ses ennemis, et vous conserve longues années pour la gloire de cet État en toute prospérité, et n’ose dire avec ce désir très humble et très fidèle, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très fidèle serviteur,

<Chauvène>.

À Nîmes, ce 5^ème août 1632.

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