Marie de Rohan-Montbazon (1600-1679), duchesse de Chevreuse, est la fille d’Hercule de Rohan, duc de Montbazon, et de Madeleine de Lenoncourt. À l’âge de 17 ans, elle épouse en premières noces le connétable Charles d’Albert, duc de Luynes, favori de Louis XIII, qui l’introduit à la cour et l’initie aux arcanes de l’intrigue. Il impose aussi la jeune femme auprès d’Anne d’Autriche. Au mois de décembre 1618, le Roi lui offre à la charge de surintendante de la maison de la Reine, pourtant promise à Laurence de Clermont-Montoison, veuve du connétable Henri de Montmorency. La duchesse de Luynes ne cesse dès lors d’accroître son ascendant sur la Reine.

En 1620, peu avant le décès du duc de Luynes, elle donne naissance à Louis-Charles d’Albert, dont Louis XIII est le parrain. La jeune veuve se remarie quelques mois plus tard avec son amant, Claude de Lorraine, duc de Chevreuse, malgré l’opposition du Roi. De ce second mariage, naissent trois filles : Anne-Marie de Lorraine, née à Londres en 1625, plus tard abbesse de Pont-aux-Dames, décédée en 1652 ; Charlotte de Lorraine (1627-1652), maîtresse du cardinal de Retz, qui décède sans alliance ; Henriette de Lorraine (1631-1693), abbesse de Jouarre. En 1622, Louis XIII chasse une première fois la duchesse de Chevreuse de la cour, en raison de son implication d’une part dans l’affaire du Cabinet satyrique, d’autre part dans la chute que fait Anne d’Autriche, enceinte, accident à l’origine directe de la fausse-couche dont est victime la Reine. Le duc de Chevreuse parvient cependant à fléchir le souverain qui accepte le retour de la duchesse quelques semaines plus tard. Dès 1623, la duchesse de Chevreuse renoue avec les intrigues et fomente avec son amant, le comte de Holland, la fameuse affaire Buckingham. Après un séjour en Angleterre, où elle accompagne Henriette de France, la duchesse de Chevreuse rentre en France et pousse le comte de Chalais, éperdument amoureux, à la conspiration (1626). Elle choisit alors l’exil et part pour Nancy où elle réside jusqu’à la fin 1628. L’éclat des fêtes que Charles IV donne à la mi-carême 1627, afin de l’éblouir, est resté à la postérité grâce à la série de planches gravées par Jacques Callot sous le titre du Combat à la barrière. Revenue en France à condition de résider au château de Dampierre, propriété de son mari (à la fin de l’année 1628), elle n’hésite pas à s’entremettre dans les négociations secrètes visant à unir les intérêts du duc d’Orléans, de la Lorraine, de l’Espagne et de l’Angleterre. Elle contribue à compromettre le marquis de Châteauneuf, qui lui voue également une admiration sans bornes. Éloignée du Louvre en juin 1633, elle est conduite par son mari en Touraine, à Couzières. Elle n’en participe pas moins ensuite à l’établissement de la correspondance secrète d’Anne d’Autriche avec son frère le roi d’Espagne. Découvertes en 1637, ses intrigues se poursuivent par son implication dans la conspiration du comte de Soissons en 1641, puis la cabale des Importants, contre Mazarin, en 1643. La régence d’Anne d’Autriche lui ôte cependant toute influence. En compagnie du marquis Geoffroy de Laigues, elle prend le parti de la Fronde et obtient le mariage de son petit-fils, Charles d’Albert de Luynes, avec la fille de Jean-Baptiste Colbert. Le président Bertin de Rocheret a dit d’elle : « Madame la Connestable fut aimée du cardinal de Richelieu, qui s’habilloit quelque fois en cavalier pour elle. Elle l’en railloit, et par une piquante trahison, elle le fit voir à la reyne Anne d’Autriche, ce qui les brouilla, de sorte qu’il la fit exiler ».¹

Trois biographies lui ont été consacrées :

D. Tillinac, L’ange du désordre : la vie tumultueuse de Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse, Paris, Robert Laffont, 2003 ;

C. Bouyer, La duchesse de Chevreuse : l’indomptable et voluptueuse adversaire de Louis XIII, Paris, Pygmalion, 2002 ;

G. Poisson, La duchesse de Chevreuse, Paris, Perrin, 1999.

Textes 14, 16, 24, 243, 266, 267, 624, 794, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Cité par Antoine Adam, Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 1, p. 847. [↩]