Chalard (Priam-Pierre du)

Priam-Pierre du Chalard (ou Chalart) est né vers 1590, à Bordeaux. Engagé dans la Marine royale, conseiller du Roi en ses Conseils, gouverneur de la tour de Cordouan, il commande, en compagnie d’Isaac de Razilly, les escadres françaises, qui s’opposent victorieusement aux corsaires de Salé, au large du Maroc, en août 1629 puis en 1630. En 1635, il est envoyé à Safi, comme ambassadeur du roi de France, afin de renouveler des accords de paix signés par l’empereur du Maroc, Moulay El-Oualid, et par Louis XIII, le 14 septembre 1631.

Arrivé sur place, le navire de guerre qui transporte Priam-Pierre du Chalard affronte un vaisseau anglais, dont il prend le contrôle en rade de Safi, le 27 mai 1635. Il en fait un récit le 12 juin1, et les Mémoires de Richelieu rapportent l’épisode. Un traité renouvelant celui de 1631 est signé le 18 juillet, à Salé, au nom de Louis XIII et de Moulay El-Oualid. Il prévoit la libération de tous les esclaves français détenus au Maroc depuis 1631 et ordonne aux gouverneurs de Salé de libérer sans contrepartie les Français entre leurs mains. En échange, Louis XIII accorde des passeports aux navires marocains afin de commercer le long des côtes méditerranéennes. Du Chalard se rend ensuite auprès des gouverneurs de Salé, Elhaech Abdala, Abdallah Ben Ali Caceri [Benaly Elcazery] et Mehamed Benamer afin de recueillir leur acceptation formelle. Le 1er septembre, de nouveaux accords sont signés avec les gouverneurs de Salé : la trêve prévue en 1631 et renouvelée en 1635 est prolongée, du Chalard s’engageant à faciliter la libération des prisonniers marocains détenus sur les galères françaises. Au retour de l’expédition, en novembre, M. du Chalard ramène 304 Français détenus au Maroc. Il obtient par ailleurs la libération de 300 autres régnicoles, qui restent au Maroc, contre « une obligation particulière dudit sieur du Chalard, payable aux gouverneurs de Salé à la fin du mois d’avril prochain »2. Les Mémoires de Richelieu évoque à ce propos la maladresse du sieur du Chalard qui oblige le roi de France à débourser 150 000 livres non seulement pour honorer les engagements pris, mais aussi pour prix de la ratification du traité de paix. Louis XIII ordonne l’arrestation de Priam du Chalard, embastillé puis banni de Paris pendant un an3. En 1639, Priam-Pierre du Chalard exerce aussi les fonctions de commissaire ordinaire des guerres et commis à la conduite et police des garnisons de Guyenne4. Il épouse, vers 1631-1632, Élisabeth Le Prévost de La Coutelaye, tante de Louise de La Vallière (1644-1710), et décède après 1660. 

Voir aussi Roger Coindreau, Les Corsaires de Salé, Paris, La Croisée des Chemins, 2006, p. 193-195.

Textes 274, 297, 968, 969

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. Relation d’un combat que le sieur du Chalart a donné à un vaisseau anglois à la rade de Saffy, récit du 12 juin 1635 conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 814, f° 110-112, texte original publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), “La raison de guerre” : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2016, p. 301-304. []
  2. Recueil des traités de paix… et autres actes publics… servant à établir les droits des princes et de fondement à l’histoire…, tome troisième, Amsterdam, chez Henry et la veuve de T. Boom, 1700, p. 371. []
  3. Joseph-François Michaud et Jean-Joseph-François Poujoulat – dir. -, Mémoires du cardinal de Richelieu…, Nouvelle collection des mémoires pour servir à l’histoire de France, tome VIII, p. 673. []
  4. Archives nationales, Minutier central, cote MC/ET/XXVI/64. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (6 juin 2022). Chalard (Priam-Pierre du). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 18 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tpxh


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