Le maréchal de Schomberg à Richelieu, Billom, 2 août 1632.
Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 802, f° 320-321. Original autographe, dont la transcription a été publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 370-371.
Monseigneur,
Vous ayant, hier, fait une dépêche de Maringues, il me reste peu de chose à vous mander, si ce n’est la réception de la lettre dont vous m’avez honoré par M. du Bourg. Faites-moi l’honneur de croire que j’ai autant d’impatience que vous de me voir au Languedoc. Mais considérez, je vous supplie, le long chemin qui me reste encore à faire, qui n’est pas moindre, jusque vers Carcassonne, de 50 lieues de ces pays-ci.
L’official de M. l’évêque de Mende vous dira toutes les nouvelles du Languedoc, et comme il juge bien nécessaire que j’entre dans le Haut-pays. Je vous en ai mandé toutes les raisons. Faites-moi l’honneur que je sache si vous les approuvez. La route du Bas-Languedoc était bien plus assurée pour moi, mais quoi qu’en puisse dire M. le maréchal de La Force, elle me semble bien moins avantageuse pour le service du Roi.
Je m’en vais droit vers Narbonne et Carcassonne pour assurer tous ces quartiers-là. Et si l’armée de Monsieur [le duc d’Orléans] se présente sur mon chemin, comme je le crois, je la combattrai, et, aidant Dieu, battrai, quoiqu’ils soient, à ce que l’on m’assure, 1500 chevaux plus que moi. Mais le nombre ne donne pas les victoires, c’est l’ordre et la valeur. Et je crois qu’ils n’auront ni l’un ni l’autre. Le régiment de M. de Chamblay n’a garde d’aller joindre M. le maréchal de La Force, car il est dans le Rouergue, et faudrait qu’il passât à la vue de l’armée des ennemis. Mais je passe là où il est en garnison. Et si je juge qu’il ne serve de rien où il est, je le pourrai mener avec moi, et le laisser en garnison dans les villes de Languedoc qui en auront besoin. Je serai le 7me de ce mois vers Saint-Flour, où je donnerai un jour de repos aux troupes, et crois être l’onzième à Rodez. C’est toute la diligence que je puis faire.
Honorez-moi, je vous supplie très humblement, de vos bonnes grâces et de la qualité, Monseigneur, de votre très humble et très obéissant serviteur,
Schonberg
De Billon, ce 2me août 1632
Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)
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